16 janvier 2011

La remplaçante

En bon professionnel, il quitte le bureau, et c'est chez lui, quand même, que Julian s'enfile Christine sur la table de la cuisine. Bête de même, première surface plane en entrant.

Quel heureux hasard qu'elle porte le même parfum que Florence. Quelle joie qu'elle sache aussi se taire. Comme ça, par-derrière, dans la semi-pénombre, les cheveux blonds pourraient bien être bruns, la remplaçante pourrait bien être la bonne, et l'esprit de Julian vagabonde pendant qu'il décharge : Florence, Florence, Florence...

Dès que c'est terminé, après les kleenex et le verre d'eau, il ne peut plus la sentir. Elle veut rester un peu, aller dans la chambre, se coller encore, un film peut-être, non, as-tu un ptit creux, non. Non. Va-t'en. Mais qu'est-ce qui te prend? Va-t'en, c'est tout, pars, stp, va-t'en là, maintenant, avant que je sois méchant avec toi, pars. Quoi? Va-t'en.

Elle l'insulte en s'habillant, il ne l'entend même pas, gros con tu te prends pour qui t'es fêlé, le froid hivernal qui s'infiltre un peu, la porte qui claque beaucoup, le silence. Enfin.

Le jet de douche sur la nuque, l'eau bouillante. L'obsession vaporeuse, Florence en brume devant lui.

Et la fumette pour oublier un peu plus.


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