29 avril 2016

Ma maladie mentale

J'ai envie de te raconter un peu c'est quoi, la maladie mentale.

Du moins, la mienne.

On parle souvent de quand on tombe. Moi, je suis tombée un peu plus d'un an après la naissance de ma fille : arrêt de travail, trouble anxieux généralisé et dépression post-partum. Quand tu tombes, tout le monde te dit de prendre soin de toi. Tout s'arrête. J'ai été chanceuse : la dépression est de moins en moins tabou, alors les gens veulent t'épauler, t'as de l'aide. Alors t'en demandes, aussi, de l'aide.

Puis, le temps passe. Tu vois ton psy, tu prends des pilules. Tu reprends le travail, ta vie "normale".

Tu vas mieux, dans l'ensemble. Mais pas toujours.

Aujourd'hui, j'ai une rechute. C'est pas la première, ni la dernière. Un peu trop de fatigue, un peu de stress, un peu de mal de gorge : j'ai des petits riens qui m'affectent beaucoup. Soudainement, ça revient : l'angoisse, le mal de coeur, les pleurs, la paralysie, la rumination, le vide dans les tripes, le trop-plein dans la tête. Tu rentres chez toi une boule dans la gorge, tu te couches sous quatre couvertures pis t'attends que ça passe. Tu laisses tomber les amis et tu supplies l'amoureux de gérer ce que tu as de plus précieux au monde parce que tu n'y arrives pas, pas là.

Pour rien.

Ce que je ne vous dis pas, quand je vous parle de ma maladie, de mon cheminement, de mon psy, c'est que c'est encore dur. C'est dur parce que maintenant que j'ai un peu plus d'énergie, j'ai l'impression d'avoir une dette envers vous, d'avoir tellement pris, dans la dernière année, que je dois vous en redonner. Mais j'suis pauvre : j'ai pas d'économies d'énergie pour payer ma "dette". Alors je m'endette pour vous payer. Je full ma carte de crédit.

C'est contre-productif. C'est pas réfléchi.

MAIS J'AI PEUR.

J'ai cette peur constante que vous ne m'aimiez plus, la peur que vous vous tanniez de mes problèmes, la peur de vous décevoir une fois de trop, la peur que vous me rejetiez, la peur de tout perdre.

La chienne là, la vraie.

Tsé, j'ai pas envie de me faire plaindre; j'ai pas non plus envie d'être la "faible" qui est pas foutue de suivre le même rythme que vous. Mais c'est ce qui se produit : je n'arrive pas à suivre ce rythme. Je ne sais pas si je vais y arriver un jour. Je ne sais pas non plus si ça existe, un autre rythme, si c'est possible de faire les choses différemment. Alors en attendant, j'observe, je me questionne, j'essaie de faire des choix. C'est souvent maladroit. C'est parfois un cas de survie.

Dans l'ensemble, si je suis bête ou soudainement muette, absente ou décevante, j'en suis réellement désolée : c'est probablement que j'ai déjà passé tout mon petit change à survivre au reste de ma semaine et qu'il ne me reste plus de vies pour faire le tour de la cassette.

La différence avec la Valérie d'il y a un an, c'est que je sais que ça n'est pas permanent. Même si j'en doutais peut-être un peu il y a une heure. (Non mais je suis un work in progress là...)

Me comprenez-vous?

...

Pis pour l'amour, si vous feelez marde, parlez-en à quelqu'un. Restez pas tout seul pogné avec ça, c'est trop gros à porter pour un seul petit corps meurtri.

xxx