7 décembre 2014

Novembre (parce que noir et blanc, ça donne du gris, mais ça veut pas vraiment dire que c'est une mauvaise chose)

Tsé la poussière s'accumule sur mon blog depuis l'été... ça prenait bien un début d'hiver gris pour le déterrer un peu.
Merci Marie-Claire de des fois faire le ménage dans mes affaires en écrivant des textes pour mon blog! J'ai juste coupé dans la dernière ligne sans t'en parler, mais tu vas me pardonner, oui, merci.

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Novembre, le monde t’aime pas. Novembre, le monde te trouve laitte. Novembre, t’es le mois des morts. T’es gris pis froid, pis chaud aussi, des fois. Novembre, on sait jamais comment bien s’accoutumer de toi. On a hâte que tu partes. On te chiales dessus un peu trop.

Mais, Novembre, moi je t’aime bien en fait. Novembre, t’arrives avec les premiers flocons de neige. Ceux qu’on prend le temps de regarder dans le ciel noir. La ville se couvre d’un filtre blanc et efface tout ce qui se cache en dessous. T’arrives avec la première pause. T’es la générale technique de Janvier. Janvier, on veut tout changer tout de suite. Ça dure trois semaines pis on lâche prise. Novembre, toi, tu nous laisse le temps de vivre ce qui est important. Novembre, depuis quelques années, t’es témoins de changements de vie. Novembre, t’es devenu synonyme de renouveau.

Novembre 2011. Tu reviens au pays, après 6 mois de magie. Dans tes poches, y’a des envies professionnelles, de l’amour dans les yeux, du bonheur dans le cœur, pis un petit accent! Tu quittes Paris un peu à reculons, mais avec la certitude que, l’Europe et toi, c’est pas fini. À 24 ans, ta vie est tracée. Ta vie était fucking parfaite. T’as le contrôle sur tout, et tout ce dont t’avais toujours rêvé : une vie à l’étranger, des projets plein la tête, le plus parfait des amoureux. À 24 ans, ta vie était tracée… d’un trait flou. (Mais ça, tu le voyais pas.)

Novembre 2012. En l’espace de 4 jours, tes plans se sont envolés, ton cœur s’est émietté, ta tête allait exploser. Tu réagis comme tu peux, pis tu te trouves une nouvelle job de rêve dans une ville qui t’est encore inconnue. Et pendant que tout le monde autour de toi parle d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi tu planifies un déménagement. Avec pas de plan. C’est quoi la vie, à 25 ans, quand t’as pas de plan? C’est l’occasion de découvrir, c’est une nouvelle aventure. Pis tu sautes dedans à pieds joints, les yeux fermés, le nez bouché. La vie, quand t’as pas de plan… c’est une fuite vers l’avant.

Novembre 2013. Ça va bientôt faire un an que t’as changé ta vie de bord. T’es heureuse, t’as ton monde, mais t’as toujours pas de plan. T’essaies ben gros de comprendre à quoi tu sers sur Terre, alors tu continues à chercher à gauche pis à droite. Tu décides de changer de job. Encore. Du nouveau, ça fait toujours du bien… Et pendant que tes amis continuent à parler d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi tu capotes en silence en te rappelant que tu n’as absolument rien devant toi. Tu voudrais juste t’attacher à une base, être quelqu’un pour quelqu’un. Tu cherches la réponse dans les yeux des autres, mais tu sais pas encore ce que tu cherches vraiment. Un remplaçant, pour ravoir ce que tu avais?

Novembre 2014. Après presque 2 ans, t’es pas mal installée. T’as tes endroits, tes habitudes, ton monde et tes implications. T’as une autre nouvelle job depuis 2 mois, pis là, t’es certaine que t’es à la bonne place. Tu sais toujours pas où tu t’en vas, mais tu t’en va vers ce que tu aimes. Ton plan, tu le forges au jour le jour. Surtout, tu sais que tu risques de te chercher toute ta vie. Parce qu’on change tout le temps et penser qu’on se connait parfaitement, c’est un peu pas mal niaiseux. Et, un certain moment, le déclic se fait (et tu remercies le dernier gars avec qui t’as couché pour ça). Puis pendant que tes amis parlent d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi, tu urticairises encore un peu, mais t’apprends à lâcher prise. Ton rôle de matante cool, tu l’aimes et tu vas le prendre au sérieux. Ton bonheur, tu veux uniquement le partager avec ceux qui comptent. T’arrêtes de chercher dans les yeux des autres, pis tu regardes dans les tiens. Pour la première fois depuis trop longtemps. Pis tu réalises enfin qu’ils sont beaux.

Novembre 2015. On verra ben rendu là.