31 mars 2011

La 739

Ce midi, j'étais chez Fratelli à me commander le meilleur sandwich du monde.

J'ai jamais été une fille de chiffres bin bin, j'ai pas de mémoire pour ça. Ma coloc connait les numéros de téléphone de ses amis par cœur, tous, alors que je peine encore à me rappeler le nôtre (après 10 mois de cohabitation). Mais aujourd'hui, à la caisse du Fratelli...

Serveuse Sympa - Sept trente-neuf, s'il te plaît!

739! Mon numéro d'autobus quand j'étais au primaire! En deux secondes, j'ai revu l'école Brassard, le mur de briques rouges devant lequel on faisait la file pour l'autobus, la boîte-à-lunch-cooler à mes pieds, les modules en plastique avec des glissades qui donnent des chocs électriques pis des tunnels dans lesquels des ados ont écrit ''Nirvana'', le chauffeur d'autobus, Jean, et cette rumeur qui disait qu'il avait fait de la prison, la trouille que ça nous fichait quand il s'arrêtait ensuite sur le bord du chemin pour chicaner les tannants, le dance qui jouait à CIMO 106.1 pendant Y'a de ces matins, les vitamines Flinstones qu'on volait ma sœur et moi en se gardant après l'école, le Petit Coureur, voisin d'en face qui courait tous les matins pour aller prendre la même bus que nous alors qu'on partait 5 minutes plus tard en marchant (et sans la rater), la course entre ma sœur et moi à la sortie de l'autobus pour défoncer en premier les mottons de neige-glace-sable qui font un gros ''toc''.

La 739.


_____

30 mars 2011

Vite

T'as pas regardé la météo, t'es pas du style prévoyante, alors tu sors de chez toi et réalises après cinq minutes de marche que t'es pas assez habillée pour la température qu'il fait. Sauf que tu marches depuis déjà cinq minutes, et que t'as pas dix minutes à perdre, alors tu ne reviens pas sur tes pas mettre un manteau plus chaud, tu te dis que tu vas endurer : t'es trop pressée. Au bout de cinq autres minutes, tu grelottes en sacrant que tu aurais dû revirer de bord cinq minutes plus tôt, mais que là il est vraiment dix minutes trop tard. Et puis cinq minutes plus tard, la pluie verglaçante s'en mêle. Tu te dis que tu aurais dû passer par le chemin avec moins de traffic pour ne pas te faire asperger par les voitures, mais c'était au carrefour croisé il y a deux minutes, et tu n'as pas quatre minutes à perdre. Grelottante, tu regrettes vraiment de ne pas avoir rebroussé chemin il y a sept minutes, pendant qu'il était encore temps de le faire, ou encore plus lorsque tu venais à peine de sortir de chez toi, quoi genre cinq minutes, et que tu as été trop pressée, mais bon, tu continues de marcher en sacrant.

Si tu avais oublié de barrer la porte, tu aurais rebroussé chemin. Si tu avais oublié le rond du poêle allumé, même affaire. Si le téléphone avait sonné pendant que tu barrais la porte, tu aurais retardé ton départ (hey, ça pourrait être important). T'es si flexible quand il ne s'agit pas de toi. Mais ton confort? Pour 25 petites minutes, tu te dis que bof...

Et c'est comme ça que tu deviens un peu plus la somme de tes choix et un peu moins un esprit libre de choisir.


_____

29 mars 2011

S'habituer

Qui sait quelles seront mes préoccupations dans 60 ans? En fait... Ça me fait un peu peur, quand j'y pense, alors j'y pense pas. Ou le moins possible. Sauf quand c'est assis à côté de moi dans une salle d'attente.

Neverland ta vie, Val.

Entendu à l'Hôtel-Dieu

Vieille Dame - Une chance que j'ai pas souvent besoin de me faire soigner icitte, parce que j'aimerais pas ça. Ça court partout, y'a trop de monde, ça pue, c'est plein de pas-propres... J'aime mieux aller à Ste-Foy, sont bin équipés, eux-autres, pis les gardes sont fines.

Vieux Monsieur - Bah, on s'habitue. Moé j'm'habitue à toutes les hôpitals.

Vieille Dame - Moi, j'm'habituerais pas, j'pense. En tout cas, j'veux pas mourir icitte!


_____

28 mars 2011

L'acouphène binaire

Sophie s'est tenue accotée sur le speaker toute la soirée, les yeux rivés sur lui, bin sur Antoine, Antoine qui la remarquera pas de la soirée, Antoine Goudreau pis son t-shirt noir de show, Antoine Goudreau qui fait la guerre aux décibels, Antoine Goudreau avec quinze groupies qui attendent juste la fin du set pour aller lui parler, Antoine Goudreau qui va en culbuter une après avoir fermé le bar avec sa gang de chums. L'autre jour, Sophie voulait se rendre à la pharmacie, mais elle s'est butée à une pancarte : ''Détour rue Goudreau''

Criss.

Ça a beau faire deux ans qu'elle est perdue dans le détour, elle ne peut pas s'empêcher d'aller se massacrer les tympans juste pour le regarder encore un peu. Encore un peu. Encore une heure avant de partir. Une petite demi-heure. Et le lendemain, ses oreilles meurtries lui chantent un code binaire qu'elle n'arrive pas à déchiffrer : iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii sssshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii sssssshhhhhhhhhhhh iii iiii iiiiiiiiiiiii sssssshhhhhhhhhhhhh iiiiiii iiiiiiii sssssssshhhhhhhhhh sssssshhhhhhhhhhh.


_____

27 mars 2011

Entendu sur ma goire (et je ris de mon propre titre)

Dans un resto à saveur médiévale avec un peu trop de conceptitude, de musique traditionnelle, de bois rond et de serveurs qui parlent avec un accent et un lexique ''Nouvelle-France'' :

Le Client 2011 - Excusez-moi Mademoiselle... J'sais pas comment y'appellent ça de la mayo dans l'ancien temps là, mais j'pourrais-tu en avoir?


_____

24 mars 2011

Simmepôleplanne ta vie

Tu y allais pour une pinte de lait, mais c'est les bras chargés de chips et de bonbons que tu t'es immobilisée devant les bouteilles de vin rouge.

Cheap. De dépanneur.

Tu t'es demandé pendant un moment si t'étais alcolo au point de t'acheter une bouteille de marde juste pour avoir le petit feeling doucereux de la première gorgée qui descend, l'engourdissement de plus en plus grand, la chaleur réconfortante de ta propre ivresse.

Tu t'es ressaisie, maître de ta consommation, fière : tu t'es rappelé que la SAQ était encore ouverte.

À la radio, Simple Plan chantait ''I'm trying to forget that I'm addicted to you / but I want it, and I need it...''.


_____

23 mars 2011

Les douceurs de banlieue

À l'heure où maman se couche, tard, les rues enneigées de la banlieue tranquille accueillent mes pas de travailleuse du soir, les cuisses qui s'activent rapidement pour contrer le froid et attraper le prochain autobus. Si mon iPod crache aussi fort sa musique, c'est plus pour couvrir l'arythmie de mon coeur fatigué que pour m'imbiber de jolies mélodies. Étourdissant, baisse le son, ah pis pause.

Dix minutes d'attente devant la station d'essence, c'est parfait pour manger un petit sac de chips au ketchup.

Puis, l'autobus arrive, vide, banlieusarde, avec son chauffeur qui me bonsoit (du verbe bonsoir) d'un ton jovial, la radio détente en trame de fond. Je prends place un peu plus loin, contente d'avoir tout l'espace pour moi. Gaetan (le chauffeur avait trop une face de Gaetan pour que j'l'appelle pas Gaetan) conduit rapidement pour arriver d'avance au terminus Les Saules pour se prendre un café : ça paraît quand il tourne les coins, floc-a-floc les bidules dans ma sacoche qui se font barouetter, et là ça attire mon regard.

Ça.

La moustache de Gaetan bouge. Bin, elle bouge parce que sa lèvre en dessous bouge.

Gaetan chante en chœur avec la radio. Oh que oui. Et il doit penser que la musique joue encore dans mes écouteurs parce qu'il chante haut et clair, il sort sa voix de servant de messe pour entonner cette chanson :



''J'ai au moins le droit de choisir! Entre votre planète et ses étoiles filantes... d'adolescente.''


_____

22 mars 2011

Let's Make a Memory

Tsé des fois, t'es entre copines pis tu te dis des grosses mardes sur les trucs qui se font écrire sur le groupe facebook des retrouvailles de votre école secondaire, mettons.

Mettons là.

Et là tu te dis que ça serait priceless de les écrire ''à voix haute'' sur ledit groupe. Pis que mettons tu paies la brosse à ta chum si elle le fait.



Oups?

Je sens que la soirée va être arrosée et va me coûter cher! Pis qu'on va vraiment se faire regarder comme deux bitch avec notre attitude rabat-joie...

Merci Mel! ;)


_____

21 mars 2011

Une fête d'une amie, ça s'oublie pas

Ok, contrairement aux mille personnes qui t'ont écrit sur Facebook, je ne l'ai pas fait.

Tss, oublier, moi? Jamais! Je voulais faire dekoi bin plus big que Facebook...

BONNE FÊTE LA LAPINE!!!

____

20 mars 2011

Entendu dans la cuisine

LE lapsus de l'année

Je, en regardant l'emballage de jambon - Bon, c'est dû quelle date ça? ''Meilleur amant...''


_____

19 mars 2011

Nids de poule

Je regarde la fin d'après-midi se poser sur tes paupières lourdes et les faire descendre lentement... Zoum, yeux ouverts! Tu regardes les bancs voisins : presque personne pour te voir dormir, tes yeux se referment encore lentement, en hésitant presque... Zoum, yeux ouverts!

Tes yeux dans mes yeux : je regarde ailleurs (parce que ça ne se fait pas de regarder un inconnu dans les yeux, voyons).

Ton manège recommence. Avec la pile de mon iPod trop faible, disons que je suis contente d'avoir quelque chose à faire pendant mon long trajet. Zoum, yeux ouverts! Ça ferme, ça ferme...

Zoum, yeux ouverts!

Pour la première fois de ma vie, j'ai regardé la Guerre des Clans version sans-Luc-Senay-pis-sa-split l'autre soir avec ma sœur. La question déroutante de la soirée : qu'utilisez-vous pour vous réveiller en dehors d'un réveil-matin?

Il manquait une réponse : les nids de poule sous les roues de l'autobus.


_____

17 mars 2011

Les oiseaux du printemps

Les pingouins!

Mine de rien, ils entrent dans l'autobus en fin d'après-midi; elle transporte le sac de la SAQ. C'est bondé, alors ils s'accrochent au même poteau. Elle perd l'équilibre, mais il la rattrape en riant et lui pose un bisou sur le front. Laurie et Laurent s'aiment autant à 16 heures qu'à 8 heures.

Je suis béate.

J'ai eu envie de leur parler et de leur dire qu'ils m'impressionnent, que je les jalouse presque, que j'ai écrit un billet sur eux dans mon blog, que j'ai ajouté une image du logo de Linux, que sept personnes ont aimé sur Facebook, que j'ai fait semblant qu'ils avaient presque le même nom. J'ai failli leur demander leur vrai nom, juste pour le savoir, leur dire le mien, les questionner sur les circonstances de leur rencontre (c'était-tu sur WoW?), leur demander ça fait combien de temps, leur demander s'ils sourient toujours autant ou si j'ai pogné les cinq seules fois de leur existence où ils se sentaient joyeux.

J'aurais dû leur dire que juste à se tenir là, sur le même poteau d'autobus, ils me donnent espoir en l'amour, ils me réconcilient avec le concept du couple.


_____

15 mars 2011

Entendu chez Sa Méére

Sa Méére - Faites pas la moue, faites l'amour! Oh non, j'ai mieux : faites pas LE mou, faites l'amour!


_____

13 mars 2011

La décennie

Mon Facebook est maintenant agrémenté d'un nouveau groupe : Finissants et finissantes 2001 à La Ruche.

Sur le tas de beau monde qui en fait partie, je suis ''amie'' avec une dizaine de personnes seulement. Je suis snob ou très rejet : choisissez. Alors rapidement, en prévision des retrouvailles prévues à l'été, je zieute un peu les profils de ceux qui ne sont pas restés mes amis (bin, pis qui l'ont jamais été anyway).

Des enfants, des robes blanches, des jeunes hommes agenouillés, des enfants, les chutes Niagara, des robes blanches, des photos de deux têtes collées qui sourient, des robes blanches, des bébés...

Bin oui, 6 ans et 2 ans. Ça grandit tellement vite! On s'est trouvé un semi-détaché à Omerville, c'est l'fun parce que j'ai assez de place pour un jardin pis qu'on a pu installer la balançoire pour les filles. Pis toi Val, qu'est-ce que t'as fait de bon les dix dernières années? Un chum? Des enfants? Une carrière?

Eum... Bin... J'écris un blog pis je collectionne les certificats universitaires?

Gnak.


_____

12 mars 2011

Gr-Mom strikes again

Vous avez déjà eu un aperçu de ce dont elle était capable, ma grand-mère paternelle. Hé bien la voici maintenant qui se prononce sur mon célibat, en suite toute logique de mes tergiversations de l'autre jour.

Quatre-vingt-cinq ans et presque toutes ses dents.

Gr-mom - J'voulais pas me marier, j'aimais ma liberté. Mais bon, l'amour est aveugle, hein? Ça faque... C'est ça! Y'avait tellement de charme dans ce temps-là... Les autres femmes me disaient toujours ''Y'est bin charmant, ton mari!'', pis moi j'leur disais ''Ah, j'le sais! Moi aussi, j'l'ai déjà connu de même!''. Au fond Valérie, tu fais bin de rester toute seule, parce que sinon, tu peux rester pognée avec loooooongtemps. Ça fait 58 ans que j'suis pognée avec le mien! C'est pas pour rien que j'ai appelé mon dernier fils Jean : quand je l'ai eu, j'me suis dit ''Jean, Jean... J'en veux pu, j'en ai eu assez!''.

Et elle enchaîne avec ses meilleures blagues sur le sujet, vrai comme chu là!

C't'une fois une femme qui dit à son mari : - Qu'est-ce que tu ferais si j'gagnais à la loterie pis que j't'en donnais la moitié? - Je crisserais mon camp. - Bon bin v'là 5 piastres : j'ai gagné 10 piastres à la Mini; ast'heure, criss ton camp!

C't'une fois une femme qui voulait se faire un sandwich aux tomates, mais elle avait plus de tomates, alors elle envoie son mari en chercher à l'épicerie. Une demi-heure plus tard, la police vient cogner chez elle pour lui apprendre que son mari était mort. Quelques jours après, la femme voit une de ses amies et lui raconte l'histoire. ''Oh mon Dieu, mais qu'est-ce que t'as fait quand t'as su ça?'' que l'amie lui demande. ''Ah, bin j'me suis fait un sandwich au jambon, à la place!''

***

Et là, je vous entends déjà penser que je peux bien être aussi cynique avec de tels exemples de mariages... Bin non! J'ai aussi des exemples heureux de la chose autour de moi. Et je n'ai rien contre les couples amoureux, qu'ils se connaissent depuis hier ou depuis 60 ans. Je suis juste tannée de la glorification de ces ''réussites'' et du sentiment d'échec qu'elle engendre chez les autres, ceux qui n'y arrivent pas, peu importe pourquoi.

Mais je vous remercie tous de vos commentaires sur le sujet ;)

Blogueusement vôtre,

Valérie Godhue

Ma grand-mère et ses fils. Dans l'ordre : Serge, Jean, Lucille et Mario (mon papa!).
Crédits photo : Véronique Godhue.


_____

11 mars 2011

Entendu au local du journal

Le plus beau lapsus du monde alors que nous sommes tous en train de blaster un article en nous pensant meilleurs que le reste de la planète.

Le Robot - C'est vrai que c'est pas bin bon...

Je - Non mais soyons frais : c'est de la grosse marde.


_____

10 mars 2011

Anti-ode au couple

Je hais l'arrogance (la fierté?) des gens dont les parents sont encore ensemble. Le symbole ultime de la réussite, les matériaux de noces, papier, argent, or, les noces de merde.

En fait, ça doit être une frustration typique de célibataire : je hais l'omniprésence du couple et la survalorisation dont il fait l'objet en général. La face de la serveuse si tu lui dis que tu vas manger seule. La taille du popcorn au cinéma qui suggère forcément que tu le bouffes à deux pour que vos mains se touchent. Les sites Internet qui veulent en créer. Et la peur de briser ce rêve, le couple sanctifié, le refus de le détruire même si l'unité ne fonctionne pas, ou plus. Quand c'est fini, me semble que c'est fini.

''Oui mais les enfants?''

Rester en couple avec quelqu'un parce qu'il y a des enfants en jeu me semble tout sauf une décision logique. Les enfants ont besoin de parents qui se respectent (entre eux et pour eux-mêmes) et qui les aiment. Se respecter soi-même, c'est savoir admettre que les choses n'ont pas fonctionné et qu'on doit s'en délier pour être heureux. Respecter l'autre, c'est de comprendre qu'il est temps de le laisser aller pour qu'il puisse vraiment se réaliser et vivre, tsé vivre?, ailleurs. Votre progéniture n'a pas besoin de parents qui restent ensemble sans s'entendre ou s'aimer, sans être épanouis, et que pour les enfants. Ça leur enseigne quoi au juste comme modèle?

Même si t'es pas bien dans une situation, bouge pas, change rien. Parce que le changement, c'est bin épeurant, donc c'est une mauvaise chose.

Et après, on s'étonne d'être dans une société où règne l'immobilisme!

''Oui mais Val, c'est si beau l'amour, l'intimité partagée avec quelqu'un, les souvenirs, les projets, bâtir des trucs... Tu ne crois plus en l'amour?''

Bin oui je crois encore en l'amour, c'est bin ça mon problème! Si je n'y croyais plus, je ne serais pas une célibataire frustrée qui se défoule sur son blog en attendant de rencontrer ''le bon''.


_____

9 mars 2011

Ça fait business

En général, Vincent regardait son bureau en se demandant un peu comment il en était arrivé là, une obsession de retracer ce premier geste qui a déclenché le mécanisme de sa vie. Il aimait les chiffres, il avait eu de la facilité à faire ses cours et à passer son CA, rien là, il aimait vraiment ça, sa job, ça lui prenait juste 8 snooze pour se lever et se convaincre d'avaler les 2 anti-dépresseurs du matin, repasser sa chemise, se taper le trafic, il aimait ça.

Son plus jeune cousin a dit l'autre soir qu'il comptait s'inscrire en littérature, théâtre et technologie, et les matantes se demandaient ce qu'il ferait avec ça, et les mononcles faisaient des airs amusés, et Vincent, lui, le jalousait.

Parce que les matins enneigés lui inspiraient des poèmes qui se seraient intitulés Les arbres d'argent et qui auraient commencé par Les arbres d'argent se foutent bien de votre réussite.

C'était pas pour Vincent, Vincent aimait les chiffres, après tout.

Des fois, son boss essayait de placer des expressions anglaises dans ses discours parce que ça fait ''business''. Sauf qu'y venait du Lac, son boss, pis qu'y parlait vraiment pas anglais, alors il inventait des expressions en se foutant complètement d'avoir l'air con.

''Comprends-moi Vincent, faut pas être trop by the line, faut savoir s'adapter.''


_____

7 mars 2011

Gue-guerres de villages

Depuis que j'habite à Québec, je réalise enfin pleinement la rivalité avec Montréal. Du fin fond de mon Sherby chéri, je n'assistais que très rarement à ses manifestations et en venais à croire qu'il s'agissait d'une légende urbaine.

Je pensais même que ma gentille ville faisait partie des villes importantes du Québec, que les gens ailleurs savaient où c'était pis ce que ça bouffait en hiver. Je n'ai jamais senti que je venais d'une ''région''.

Hé bien j'avais tort. Soit.

Salutations à mes amis plein d'humour qui brossent en quelques facebookeries le plus beau des tableaux du triangle amoureux Sherbrooke-Québec-Montréal... Ladies and Gentlemen, I give you :

Lu sur Facebook!



_____

Je resterai ta meilleure amie

Je reconnais la valeur de mes amies à leurs saines habitudes de vie.

Lapine, payée par le Grand Méchant Loup - Après «je vais mettre de l'eau dans mon vin», voici «je vais mettre du rhum dans mon coke»!


_____

6 mars 2011

Cyberentendu

Je - Crime, y'est déjà minuit!

Celui-qui-lolle-pour-ne-pas-pleurer - Ah, moi y'est minuit trois sur mon Mac.

Je - Bin moi y'est minuit une sur mon PC.

Celui-qui-lolle-pour-ne-pas-pleurer - Qu'est-ce que tu veux, nous autres, les Mac, on est tellement en avance sur notre temps...


_____

5 mars 2011

She's late!

Entendu à l'appart

Coloc - La chatte a encore vomi hier matin...

Je - Ouais, je l'ai entendue en sortant de la douche.

Coloc - Ça fait plusieurs matins.

Je - C'est son vomi matinal.

Coloc - Peut-être qu'est enceinte!


_____

Entendu à la Place Lau

Une femme d'un âge certain et d'un état mental dur à évaluer regarde les dessous sexy de la Senza depuis cinq bonnes minutes, avec les yeux rêveurs et un petit sourire. Quand elle remarque que je l'observe, elle exécute une grimace impressionnante et s'éloigne en marmonnant :

''Des cochonneries pour des guidounes...''


_____

3 mars 2011

I'm a frog, you're a frog, kiss me

Faire son cégep en anglais... Mais qu'écrivai-je donc? Ouuuuuu ouch! Ouf! Danger, iiiiiiiiiiiii, va-t-on survivre? J'ai peur! Maman?

Favoriser l'immersion des immigrants et de leurs enfants en les envoyant au primaire et au secondaire en français : oui. Être conscient de l'importance de la langue et du fait qu'on est quand même une petite île francophone dans une mer anglo : bin oui.

Mais quand on parle des cégeps, on parle d'adultes (ou presque) libres d'apprendre les langues qu'ils veulent bien apprendre et, surtout, conscients de leur faiblesse en anglais et des exigences du marché du travail. On s'entend là-dessus là. Alors je m'excuse, Monsieur Curzi, mais cet élargissement de la loi 101 qui semble tant vous animer, il ne me séduit pas beaucoup.

D'abord, en tant que petite fille qui vient d'une région où la langue de Shakespeare est quand même déjà plus présente que dans la plupart bdes autres régions du Québec, je peux compter sur les doigts de mes mains mes amis d'enfance qui ont fait leur cégep en anglais. Ça n'est manifestement pas une majorité, ni une menace, ni une tendance généralisée.

Et ces traîtres anglicisés (!) me parlent encore en français, écrivent des statuts en français sur Facebook, travaillent en français, bloguent en français, répondent au téléphone en français, regardent des émissions dans les deux langues (comme tout le monde, quoi), bref, ils n'ont rien perdu de leur ''sentiment d'appartenance'' juste parce qu'ils ont passé deux années de leur vie à étudier en anglais. Évidemment!

Le seul côté ''négatif'' de la chose qu'ils perçoivent (parce que oui, ils le perçoivent), c'est qu'ils ont souvent l'impression d'avoir de plus fortes lacunes en français quand vient le temps de rédiger. ''Je me mélange entre la structure anglophone pis francophone, on dirait.'' m'a déjà dit la Champeau.

Par contre, ce constat l'entraînait à être plus vigilante dans ses rédactions en français pour justement éviter les pièges qu'elle pressentait. Résultat? Une étudiante dans une université francophone qui obtient de meilleures notes que la plupart de ses collègues n'ayant pas fait leur cégep en anglais. Tiens donc, elle ne semble pas trop rongée par le Grand Mal...

Le problème est bien plus large que ça. J'oserais même vous poser la question : combien connaissez-vous de francophones pure laine qui ont fait leur cégep en français pure laine et qui, malgré tout, ne maîtrisent pas encore le français écrit pure laine? Un? Dix? ...trente?


La moitié de la 6e année en anglais

Pour ce qui est de cette proposition de monsieur Charest d'automatiquement instaurer une demi-année d'immersion en anglais en 6e année, là, je ne suis pas d'accord, mais ça n'est pas du tout pour une question d'identité sociolinguistique.

L'enseignement au primaire ouvre un tout autre débat : on parle d'un milieu où l'on manque déjà de ressources pour aider les élèves en difficultés d'apprentissage (ah pis oui, je glisse un lien vers cette pétition, je me sens politisée, aujourd'hui), et là on voudrait ajouter un apprentissage de plus?

Je côtoie chaque semaine à l'aide aux devoirs des enfants qui peinent à apprendre à lire et à écrire dans leur propre langue, ou qui ont des problèmes de comportement, et qui auraient tous besoin d'activités supplémentaires d'apprentissage, de révision, d'attention, d'encadrement ou d'un suivi plus serré que les enseignants, bien malgré eux, n'ont pas le temps d'effectuer parce qu'ils ont 24 autres élèves dans leur classe à qui ils doivent enseigner la vie.

Je n'imagine même pas la panique de mes amours s'ils apprenaient qu'ils devront faire toute cette matière en la moitié du temps alors qu'ils en manquent déjà pour tout assimiler.

Si l'on tient à investir dans l'éducation, pourquoi ne pas d'abord demander aux enseignants, aux techniciens en éducation spécialisée, aux orthopédagogues, aux directeurs, aux psychoéducateurs et aux orthophonistes quels sont leurs réels besoins? Je doute fort que leur réponse inclue un tableau blanc interactif...

J'imagine qu'à la base, l'idée serait de mieux adapter l'enseignement aux élèves : la possibilité de faire une immersion en anglais pour les plus forts me semble très pertinente, m'enchante, même, alors que des élèves plus faibles auraient besoin d'autres services. Pousser ceux qui en ont la capacité, soutenir ceux qui ont des difficultés : il est là, le défi en éducation. Pis pour ça, ça prend plus de ressources. Pis ça urge.

Au fond, je suis un peu d'accord avec elle.


_____

2 mars 2011

Une petite vite

Le lapsus lapin

La Lapine -
Chu pu capable, y gosse trop, on dirait qu'y veut trop être le centre de l'attraction!


_____