7 décembre 2014

Novembre (parce que noir et blanc, ça donne du gris, mais ça veut pas vraiment dire que c'est une mauvaise chose)

Tsé la poussière s'accumule sur mon blog depuis l'été... ça prenait bien un début d'hiver gris pour le déterrer un peu.
Merci Marie-Claire de des fois faire le ménage dans mes affaires en écrivant des textes pour mon blog! J'ai juste coupé dans la dernière ligne sans t'en parler, mais tu vas me pardonner, oui, merci.

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Novembre, le monde t’aime pas. Novembre, le monde te trouve laitte. Novembre, t’es le mois des morts. T’es gris pis froid, pis chaud aussi, des fois. Novembre, on sait jamais comment bien s’accoutumer de toi. On a hâte que tu partes. On te chiales dessus un peu trop.

Mais, Novembre, moi je t’aime bien en fait. Novembre, t’arrives avec les premiers flocons de neige. Ceux qu’on prend le temps de regarder dans le ciel noir. La ville se couvre d’un filtre blanc et efface tout ce qui se cache en dessous. T’arrives avec la première pause. T’es la générale technique de Janvier. Janvier, on veut tout changer tout de suite. Ça dure trois semaines pis on lâche prise. Novembre, toi, tu nous laisse le temps de vivre ce qui est important. Novembre, depuis quelques années, t’es témoins de changements de vie. Novembre, t’es devenu synonyme de renouveau.

Novembre 2011. Tu reviens au pays, après 6 mois de magie. Dans tes poches, y’a des envies professionnelles, de l’amour dans les yeux, du bonheur dans le cœur, pis un petit accent! Tu quittes Paris un peu à reculons, mais avec la certitude que, l’Europe et toi, c’est pas fini. À 24 ans, ta vie est tracée. Ta vie était fucking parfaite. T’as le contrôle sur tout, et tout ce dont t’avais toujours rêvé : une vie à l’étranger, des projets plein la tête, le plus parfait des amoureux. À 24 ans, ta vie était tracée… d’un trait flou. (Mais ça, tu le voyais pas.)

Novembre 2012. En l’espace de 4 jours, tes plans se sont envolés, ton cœur s’est émietté, ta tête allait exploser. Tu réagis comme tu peux, pis tu te trouves une nouvelle job de rêve dans une ville qui t’est encore inconnue. Et pendant que tout le monde autour de toi parle d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi tu planifies un déménagement. Avec pas de plan. C’est quoi la vie, à 25 ans, quand t’as pas de plan? C’est l’occasion de découvrir, c’est une nouvelle aventure. Pis tu sautes dedans à pieds joints, les yeux fermés, le nez bouché. La vie, quand t’as pas de plan… c’est une fuite vers l’avant.

Novembre 2013. Ça va bientôt faire un an que t’as changé ta vie de bord. T’es heureuse, t’as ton monde, mais t’as toujours pas de plan. T’essaies ben gros de comprendre à quoi tu sers sur Terre, alors tu continues à chercher à gauche pis à droite. Tu décides de changer de job. Encore. Du nouveau, ça fait toujours du bien… Et pendant que tes amis continuent à parler d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi tu capotes en silence en te rappelant que tu n’as absolument rien devant toi. Tu voudrais juste t’attacher à une base, être quelqu’un pour quelqu’un. Tu cherches la réponse dans les yeux des autres, mais tu sais pas encore ce que tu cherches vraiment. Un remplaçant, pour ravoir ce que tu avais?

Novembre 2014. Après presque 2 ans, t’es pas mal installée. T’as tes endroits, tes habitudes, ton monde et tes implications. T’as une autre nouvelle job depuis 2 mois, pis là, t’es certaine que t’es à la bonne place. Tu sais toujours pas où tu t’en vas, mais tu t’en va vers ce que tu aimes. Ton plan, tu le forges au jour le jour. Surtout, tu sais que tu risques de te chercher toute ta vie. Parce qu’on change tout le temps et penser qu’on se connait parfaitement, c’est un peu pas mal niaiseux. Et, un certain moment, le déclic se fait (et tu remercies le dernier gars avec qui t’as couché pour ça). Puis pendant que tes amis parlent d’hypothèque, de REER, de bébé et de mariage, toi, tu urticairises encore un peu, mais t’apprends à lâcher prise. Ton rôle de matante cool, tu l’aimes et tu vas le prendre au sérieux. Ton bonheur, tu veux uniquement le partager avec ceux qui comptent. T’arrêtes de chercher dans les yeux des autres, pis tu regardes dans les tiens. Pour la première fois depuis trop longtemps. Pis tu réalises enfin qu’ils sont beaux.

Novembre 2015. On verra ben rendu là.

26 juillet 2014

La bouésson

Hier soir, j'ai bu.

Avant, ça aurait pu être mon statut facebook presque tous les jours de la semaine (bonjour maman, moi aussi je t'aime), mais là tsé j'ai enfanté faque j'ai pu vraiment de vie, genre l'essentiel de mes journées se résume à faire chauffer le biberon en chantant une berceuse (ou un slow cheap de mon adolescence) à ma fille en crise, nourrir l'enfant (qui soudainement n'a plus faim), changer l'enfant (qui soudainement me pisse dessus), changer le piqué de ma table à langer, partir du lavage, partir la machine à café, entendre bébé chigner, faire chauffer le biberon, nourrir l'enfant, changer l'enfant, changer l'autre piqué et devoir refaire du lavage, chanter I Don't Want To Miss A Thing en marchant dans l'appart, les bras raqués, boire mon café frette, avoir un break de 20 minutes.

Et quand le break de 20 minutes arrive, là je dois prendre une décision : je mange ou je me lave? Je décide de me laver.

Cinq heures plus tard, affamée, je me rends compte que c'était une mauvaise décision.

Mettre le linge dans la sécheuse.

Bref, hier j'avais une entente avec mon chum pour avoir le droit, 8 h de temps, de redevenir une jeune-adulte-ado-attardée et boire sur mon balcon en jouant de la guit avec une amie + 5@7 après : MALADE! La dernière fois où j'ai bu plus qu'une coupe de vin remontait au mois d'octobre...

Après une ou deux (trois?) bouteille de vin dans l'après-midi, je décide que ça ne saoule pas vraiment et que j'apporte le reste du vin (deux fonds de bouteilles différentes, en fait) dans une bouteille de SunnyD pour le boire dans la 801 en m'en allant en ville.

Je me sentais comme la fois dans un bar où j'ai commandé six shooters de vodka avec trois verres de jus d'orange à 1 am parce que je ne trustais pas la serveuse de nous faire des drinks qui saoulent : tu sais que t'es déjà saoule quand tu commandes des drinks doubles décomposés pour être certaine d'avoir la bonne quantité d'alcool.

Tu sais que t'es déjà saoule quand tu décides d'apporter du vin à boire dans une bouteille de SunnyD dans l'autobus.

Arrivée sur St-Jean, après avoir pris à peine une gorgée chaque de mon SunnyD spécial, on se rend compte qu'on est pompettes et donc que ça nous lève un peu le coeur, pis on jette la bouteille dans une poubelle.

Je tète une pinte de rousse en parlant toute la soirée ou presque du caca de ma progéniture et des joies de chier une brique dans le mauvais sens (lire : la poussée lors de la délivrance du poupon), mais j'ai vraiment l'impression de vivre.

Aujourd'hui, j'ai la voix rauque (MAN, CHU UNE ROCKSTAR) même si j'me suis juste couchée à 9 h, alors c'est du Éric Lapointe que je chante à ma fille (du laaaiiit, j'en veux puuuuuu, rgarde c'que chu devenue).

Plier les cache-couches et les piqués.

Hier soir, j'ai bu.


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19 juin 2014

L'attente

Elle avait comme une grande grande fatigue, des paupières de ciment, le visage aussi long que la liste de projets, mais la batterie à plat, le ventre trop rond, les jambes si lourdes, la fièvre du sommeil aux joues pis pas assez d'oreillers. De vieux refrains de Karkwa lui passaient en boucle dans la tête même si la pièce était silencieuse, le chat ne miaulait plus, c'était un peu l'hiver malgré la douceur du vent; c'était un peu le crépuscule nautique de sa vie d'antan.

Elle s'était arrêtée à mi-chemin de l'arrosage des plantes, le geste suspendu par le crochet d'un souvenir flou qui n'appartenait plus à personne.

Elle s'est demandé quand l'été allait enfin commencer.


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3 juin 2014

Entendu à la maison de naissance

***Les propos relatés ici sont ceux que mon cerveau a vaguement enregistrés pendant la soirée. Veuillez en excuser les écarts entre les vrais termes techniques et de réelles informations médicales : je ne suis qu'une prof en secrétariat et je ne remplace aucun spécialiste de la grossesse ou de la naissance. En cas de doute, consultez votre voyante.***

Quand t'es engrossée, tu participes généralement avec l'engrosseur à des cours prénataux où t'apprends plein de choses très pertinentes. En fait, comme au Tim de Daveluyville, le problème avec les cours prénataux, c'est pas les cours en tant que tels, c'est l'Humain.

Y'a eu l'Humaine.

Sage-femme dynamique :
Pendant la période de latence, on vous encourage à rester le plus longtemps possible à la maison parce que ça peut durer assez longtemps, alors si vous vous présentez tôt à la maison de naissance, ça se peut que ça s'arrête et que vous deviez retourner chez vous, ce qui en décourage parfois quelques-unes. Au fond, c'est une période où y'a tout un cocktail d'hormones qui s'installe dans votre corps, ça peut s'arrêter soudainement, c'est très instable, et c'est naturel que ça le soit. En étant chez vous, ou dans votre routine, ça vous permet de trouver le temps moins long et de commencer à apprivoiser certaines sensations ou petites douleurs. Y'a certaines femmes qui vont préférer que leur chum reste avec elles, d'autres qui vont lui dire qu'il peut aller travailler et qu'elles vont appeler au besoin : l'idée là, c'est de ne pas trop briser votre routine : reposez-vous si vous en ressentez le besoin, sortez voir des amis si vous préférez ça, empêchez vous pas de rien, ça pourrait même durer jusqu'à une semaine!

L'Humaine :
Mais là j'comprends pas... vous dites qu'y faut rester à la maison le plus longtemps possible, mais après vous dites qu'y faut sortir voir des amis???

Sincèrement, je pense qu'à ce moment-là, Adèle s'est facepalmée dans mon ventre.

Pis y'a eu l'Humain, aussi.

Sage-femme dynamique :
Vous allez voir qu'on va peut-être attendre un peu après la naissance avant de couper le cordon parce que tant qu'on sent la pulsation cardiaque dans le cordon, le bébé va encore chercher des trucs dans le placenta. Une fois que cette pulsation-là disparaît, bin là ça sert plus à rien que ce soit connecté parce que le bébé est autonome, y va pu rien retirer du placenta.

L'Humain :
Ok... (pause un peu trop longue qui en dit beaucoup sur l'état de son cerveau) ...mais pourquoi on coupe le cordon debord?

Mes yeux font seize tours, mais la sage-femme, elle, demeure dynamique et polie :
Bonne question, c'est qu'en fait, le bébé grandira quand même pas en traînant son placenta avec lui là...


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2 juin 2014

Juin (ou les bonnes résolutions qui finissent dans un cocktail, entre deux tranches de citron)

**Cet article vous est gracieusement offert par une blogueuse invitée : merci Julie!**


Depuis mars que tu te dis : l’été s’en vient, faudrait que je recommence à m’entraîner. Ça fait deux ans que tu te dis ça – si c’est pas trois. Faudrait que je recommence. Quelques fois, ben motivée, tu te mets à faire des redressements assis comme une malade en écoutant du coin de l’œil un vieil épisode de La vie, la vie – parce que c’est encore bon, même si t’es rendue plus vieille que les personnages.


Trois mois après, t’as toujours ta cellulite, ton tit bourrelet de ventre pis les genoux qui commencent à tirer vers le bas. Mais c’est pas grave parce que tu t’es souvenue juste à temps que les pantalons ¾, ça existe pour les filles fitness comme toi. Facque t’as crissé tes poids de femme – les deux-livres, roses, qui font très sérieux – dans l’fond de ta garde-robe, avec ton papier d’emballage de Noël pis les vieilles sacoches que tu gardes, au cas où, même si tu sais pertinemment qu’elles ne ressortiront jamais de là.

Pis t’es allée t’écraser le cul mou sur une terrasse, avec tes chums de filles, un cocktail orange et rose dans une main pis une clope dans l’autre. Sans aucun remords. Parce que c’est ça, la vie.


Oui.


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24 mai 2014

Entendu au Tim

Quand t'es engrossée pis proche de mettre bas, la moindre ride de char devient un défi extrême. Faire Québec/Sherbrooke d'une traite? Lol! ça existe pu : en fait, t'arrives même pu à te rendre jusqu'au Madrid 2.0 sans devoir pisser avant, alors tu découvres de nouveaux endroits.

Genre le Tim Horton proche de Daveluyville.

Détrompez-vous : le Tim en lui-même est tout ce qu'il y a de standard et très agréable de fréquentation. Le problème, comme toujours, c'est l'Humain. L'Humaine. L'Humaine se présente au comptoir avec son plus bel air de boeuf, une boîte de timbits ouverte.

Humaine - Moi là, j'ai pris 50 timbits, pis r'garde ça!

Elle montre à la pauvre tite-fille à la caisse le contenu de sa boîte. Mon chum pis moi, on tergiverse à savoir s'il manque des beignes, ou s'ils sont pourris, ou...

Pauvre tite-fille à la caisse - ...

Humaine - Bin là, y'a bin trop de sucre! J'veux pas ça moi là, donne-moi des beignes à la place, donne-moi des beignes natures.

On était tellement bouchés que j'ai presque oublié de prendre des notes.

C'est vrai que le principal problème avec une boîte de CINQUANTE timfuckingbits, c'est que y'a bin trop de sucre : ils devraient nous en avertir avant de nous la vendre.


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16 mai 2014

Championne à bord

T'avais un autocollant "Bébé à bord", mais y'avait ni bébé, ni banc de bébé dans ta voiture; y'avait juste une furie au volant qui s'énervait dans le trafic matinal.

Depuis quelques minutes, tu étais devant moi, enfin, tu étais devant moi aux 30 secondes quand tu changeais nerveusement de voie en espérant que droite irait plus vite gauche irait plus vite droite irait plus vite gauche irait plus vite. Ton flasheur était évidemment en option, de même que la patience et l'intelligence, alors tu zigzaguais sans crier gare en te trouvant plus maligne que la moyenne des ours, mais au bout du compte ça faisait quand même 15 minutes que tu étais devant moi sans que j'aie eu besoin de changer de voie pour te suivre dans ton grand prix de formule nulle.

Tu devrais peut-être changer de tactique. Just saying.

À un feu rouge, le plus important pour toi était d'être le moins longtemps possible sur les breaks, alors tu ralentissais soudainement bien loin de la voiture qui te précède pour être certaine de pouvoir avancer un petit peu, tout le temps, pendant les 120 secondes de rouge, tsé jusqu'à embarquer dans le coffre arrière du malchanceux devant toi pour pouvoir redémarrer dans son cul en soupirant ta vie. À une lumière, le gars en avant a pris deux bonnes secondes au feu vert avant de redémarrer, alors tu l'as klaxonné, non mais quel abruti aveugle sans-dessein endormi qui comprend pas le vrai monde pressé. Tes bras s'énervaient en grands gestes violents pis dans ma tête tu écoutais du Marc Dupré dans ton char de l'année rouge vin. On a fait Charlesbourg-Neufchâtel en 25 minutes, à peu près 5 de plus qu'à l'habitude, moi peinarde et toi en crise d'hystérie, pis tu t'es parquée dans le même stationnement que moi, et là j'étais vraiment trop heureuse de pouvoir te regarder avec les yeux les plus méprisants de l'univers.

Je me suis retenue à dix mains de ne pas te suggérer de changer ton autocollant pour "Championne à bord".


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10 mai 2014

Mai-nage (poussière et fausse motivation)

** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée : merci Marilou! **

Mai, c’est la ligne du thermomètre qui remonte tranquillement au-dessus du zéro, jamais assez vite à notre goût. C’est la supposée saison de l’amour qui commence (pourquoi on ne fête pas la Saint-Valentin en mai, alors?). C’est le temps où on se réveille et qu’on se rend compte qu’on a été trop lâche pendant la saison froide pour s’occuper de notre chez-soi encrassé.

On tombe sur la circulaire de Wal-Mart-Target-Jean-Coutu qui annonce une « méga vente » de produits ménagers et on se dit « Ouin ». On décide de simplement passer le balai ou de passer au crible chaque petit recoin.

Pour ma part, ça se limite à la garde-robe. Tsé, il faut bien faire de la place pour les nouveaux morceaux qui nous narguent depuis déjà quelques semaines dans les centres commerciaux, alors même qu’on portait encore nos manteaux North Face, nos bottes Sorel et la énième paire de mitaines achetée cet hiver (parce que tout le monde le sait bien, des mitaines, c’est juste fait pour les perdre). Mais se départir de ses vêtements, c’est plus difficile qu’on le pense.

Quand on était jeune, c’était simple. Chaque année, on éliminait ce qui était devenu trop petit. Pas besoin de se poser la question. Avant, c’était simple. Avant, c’était mieux.

Un coup adultes, à moins d’avoir négligé le sport dans les derniers mois, nos vêtements nous font toujours. Toujours. Alors, comment jeter le chandail tout motonné qui nous a suivi en Europe? Ou pourquoi se débarrasser de cette blouse? Parce qu’elle n’a pas été portée depuis trois ans? Quatre? …pis?

QUI SAIT QUAND J’AURAI BESOIN D’UNE BLOUSE FUCHSIA!

Bref, après avoir trié méticuleusement chaque morceau pendant des heures, j’ai tout remis dans le placard.

Mai, c’est le temps où on se réveille pas tant que ça.


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5 mai 2014

May Day

** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée : merci du fond du coeur, Véronique **


Mai s’amène et comme chaque année je l’aime. Le soleil grésille sur ma peau froide, les sons printaniers transpercent mes tympans insensibles. Mais j’attends plus de mai cette année.

Mai doit me consoler d’avril, qui m’a fait couler de la gadoue sur les joues. De mars, qui a arraché sans anesthésie mes qualités à mon CV. De janvier, qui m’a fait douter et de février, où ça s’est empiré. Quatre mois d’ordures à débarrasser.

Le ménage du printemps est commencé, l’aspirateur a fait son travail dans mon corps et m’a vidée de toute envie. Mes envies de mai évaporées.

Trente-et-un jour pour essayer de faire germer une émotion, une envie, un désir. Calmer les angoisses existentielles, redonner un sens à tout ça.

Et quand le soleil me rallumera, quand la chaleur me réveillera et quand l’air frais m’aura déviciée, mai m’aura aidée.


Et il n’y a que mai qui saura m’aider.


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9 avril 2014

Une brioche au four

Avertissement : cet article parle d'une soirée moche dans ma vie de femme enceinte. Si ça vous gosse, les femmes enceintes, ne le lisez pas. Si vous cherchez des réponses à vos maux de femme enceinte, ou si vous venez de taper "dépression grossesse" dans google et que vous pleurez en vous flattant le ventre, sachez que je n'ai absolument aucune compétence en la matière et que vous devriez arrêter de lire tous les forums où les madames enceintes disent à d'autres madames enceintes "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?". Anyway, la moitié de vos bobos vont s'évaporer si vous buvez beaucoup d'eau. Pis si vous pensez que mon quotidien se résume à ce texte et que c'est représentatif de mon humeur globale, vous êtes dans le champ : les autres journées de ma vie sont bin plus anodines et inintéressantes. Merci.


Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.

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La journée commence pourtant bien : je me réveille et je regarde ma pédagogique, plein de temps devant moi pour m'avancer dans mes trucs, pis, en prime, j'ai un 5@7 en fin de journée avec des amis que je n'ai pas vu depuis longtemps.

Je suis excitée.

Je prends évidemment 40 minutes de plus qu'à l'habitude pour me mettre cute le matin parce que je veux don' tellement-tu impressionner mes amis avec ma face pis mes cheveux resplendissants de "aura de femme enceinte" (il faut entretenir le mythe) pis je change de linge 4 fois parce que j'suis pu tellement habituée d'avoir une vie sociale et que j'veux être belle comme mes élèves quand elles se chixent pour aller veiller.

Mon reflet dans le miroir me convainc.

Je suis surexcitée. Sûrement trop.

Je décide de me faire un latte pour aller travailler parce que fuck les restrictions alimentaires et je pars à l'école au son de "Nine in the Afternoon". Je suis dans le char, alors j'peux pas vraiment le jurer, mais j'suis convaincue qu'un soleil en carton jaune fluo me suit au-dessus de la tête tout au long de la ride. J'ai d'ailleurs sûrement l'air d'une pochette psychédélique d'album des Beatles.

Après, y'a comme vortex de sept heures qui suce toute ma joie de vivre.

À ma sortie de l'école, je m'aperçois qu'il a (encore) neigé (tabarnak). Je déblaie Suzanne en sacrant parce que j'ai toujours de la misère à me rendre sur le toit du haut de mes 5 pieds pis que c'est le moment où mon balai à neige rétractable foul top décide de rendre l'âme. Mes cheveux, qui avaient miraculeusement toffé la journée, sont mouillés pis tapés sur ma tête en même pas deux minutes. Le ventre commence à me tirer parce que je suis trop fatiguée. La neige continue à tomber pour me narguer. L'imbécile derrière moi me colle au cul même si j'arrête pas de lui foutre les breaks dans la face pour lui faire comprendre que c'est glissant pis qu'il me gosse. Je fais des fuck-you dans mes mitaines en sentant monter en moi des pulsions de mort. Ça me prend le double du temps habituel pour revenir chez moi, dont la moitié où j'essaie de retenir les larmes qui montent parce que je me rends compte que je ne peux pas boire MÊME SI LA BIÈRE SERAIT BONNE EN CRISS en majuscules. Une fois parquée devant chez moi, la connasse de neige fait couler mon mascara à peu près jusqu'à mes genoux. Je monte les quatre étages de mon bloc en cherchant mon souffle parce que mon corps pas en forme peine à faire circuler les litres de sang que j'ai en surplus. J'entre chez moi pis mon chum est trop fin pour mon état d'esprit, alors je lui pitche en pleurant qu'être à jeûn, c'est de la marde, que je dois vraiment être alcoolique, que j'aurai pu jamais de vie sociale normale pis que j'y vais pu, au fucking 5@7, mais qu'il peut y aller, lui. À ce moment précis, je me crois. Au bout de deux heures et après avoir constaté l'inefficacité de Bridget Jones et des Revellos sur mon moral, je trouve que ça fait trop longtemps qu'il boit en ayant du plaisir, alors je change d'idée pis je lui téléphone avec un ton de sos-suicide-ma-vie-est-un-enfer-à-perpétuité pour lui dire de revenir à l'appart pis que j'feele pas. Je raccroche trop vite pis trop fort. Je tourne en rond dans l'appart en pleurant pis en faisant des sons de gorge épeurants. Je cherche "dépression grossesse" sur Google pis je me mets à lire des forums de madames enceintes qui se disent entre elles "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?" en pleurant de plus belle. Chaton passe par là, alors je l'empoigne et l'oblige à se coucher sur moi pour lui imposer ma peine en le caressant avec trop d'insistance. Chaton regarde par-dessus mon coude vers la Liberté. J'ai l'humeur d'une fille de 15 ans qui a pas dansé un seul slow au dernier party alors que sa best, elle, a même frenché.

Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.


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1 avril 2014

Avril (ou quand Chewbacca s'est tapé 10 livres de thon rouge, en mauvaise blague, pendant que Jésus cherchait des cocos de Pâques en écoutant du Ingrid St-Pierre qui écoute du Angus and Julia Stone)

** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée : merci, M̶a̶r̶i̶e̶-̶C̶l̶a̶u̶d̶e̶ Marie-Claire! **


Un homme m'a dit, il y a longtemps, qu'avril était le pire mois de l'année; qu’il était inutile. Moi, je ne comprenais pas trop son raisonnement, je n'étais pas vraiment en accord. Mais je l'écoutais, fascinée par ses idées, et buvais ses paroles comme une pauvre adolescente de 16 ans trop émerveillée par le vocabulaire de plus de 3 syllabes qu'il utilisait dans une si parfaite syntaxe. C'est comme s'il était tombé dans la potion magique du dictionnaire des cooccurrences quand il était petit. Faut voir ça comme on veut, mais moi, c'était assez pour me faire ovuler. Presque autant que les chansons de Louis-Jean Cormier. Parce qu'il était d'une étrange beauté, qu'il avait des yeux verts perçants et qu'il faisait bien l'amour. Le presque vrai. Celui qu'on fait avec ses mains, avec sa bouche, avec sa langue, avec tout son corps. Tsé, pas juste y'inque avec sa queue… mais pas toujours avec ses yeux.

Reste que j'étais quand même pas d'accord avec lui! Avril, c'est le début du printemps. Le printemps, c'est la saison des amours. C'est quand tout se réveille autour de nous. Par déduction mathématique primaire et mal organisée, avril, C'EST l'amour!

Avril, ça sent le soleil qui chauffe, la neige qui fond. Ça sent le spectacle de danse qui arrivait à grands pas. Ça sent la tonne de spray net sur les dizaines de bigoudis qui trônait sur ma tête pendant 12 heures, pour que je sois la plus belle. C'est le sentiment d'accomplissement, debout, au devant de la scène. Pendant que tout le monde me suivait, parce que c'était moi la meilleure.

Avril, c'est des poissons en papier collés dans le dos, des rires d’enfants et du plaisir avec pas grand chose. Nous, on était wise, on cachait des cannes de thon dans les chaussures de mon père. Pis c’était hilarant!

Avril, c'est le traditionnel brunch de Pâques avec toute la famille. C'est la chasse au trésor qui menait à notre lapin en chocolat qu'on avait le droit de bouffer au déjeuner. C’est les courses dans la maison, en pieds de bas, pour rattraper mon frère qui m’avait volé un œil en bonbon. C'est les matins d'excursion, avec la gang de l'université, à aller cueillir l'eau de Pâques dans le petit ruisseau à côté du chalet.

Avril, c’est une journée un peu dernière minute à la cabane à sucre, avec les amis et leurs kids. Parce qu’on est rendus là.

Avril, c'est profiter des premiers rayons du soleil sur une terrasse dans le Vieux-Terrebonne, avec nos manteaux de printemps, nos lunettes de soleil, une bière et un nachos. C'est regarder les gens passer, sourire et être heureux!

Avril, c'est l'anniversaire de ma cousine, de mon cousin, de ma tante, de 35 de mes amis Facebook et de cinq de mes vrais amis.


Avril…
Avril.
Avril, c'est aussi ton anniversaire.


C'est le coupe-vent Point Zéro bleu marine et jaune moutarde laitte trop grand que je portais à 10 ans. C'est les bottes de pluie qui restaient coincées dans la boue, à côté d'un crottin de bébé chèvre et d'un petit vomi, vestige de la cinquième tire d'érable qu'on avait d'englouti. C'est la fois où j'suis tombée dans le ravin d'eau de Pâques et que j’ai chopé une bronchite pendant un mois. C'est grand-maman qui a encore oublié mon nom pendant le brunch. C'est matante Lucie qui a encore cassé une coupe de vin, parce qu'elle avait trop bu. C'est mononc’ Louis qui en a profité pour faire des jokes déplacées. C'est les nouvelles familles pleines de bonheur qui utilisent 87% du trottoir sur la rue Cartier avec leur poussettes doubles et qui m’empêchent d’avancer à mon rythme!

Avril, c’est le dernier mois socialement acceptable pour se laisser pousser le poil sur les jambes sans avoir à se raser tous les jours. Parce qu’après il faudra « être une fille », au « complet », en permanence (d’un coup qu’on croise le prince charmant dans la rue). Jusqu’à l’automne, où l’on pourra redevenir la version pin up de Chewbacca.

Avril, analogiquement parlant, c'est baiser avec le poissonnier du quartier. C'est se gaver de petits chocolats en remerciant Jésus d'avoir souffert comme le st-ciboire pour nous.

Avril, c'est sortir et se maquiller pour avoir l'impression d'être plus belle (peinture de guerre, princesse armée). Partir à la chasse, ou plutôt, à la pêche. Pour espérer pogner un poisson (sans trop penser qu'on pourrait être le poisson d'un autre). Sortir ses atouts avant de lancer sa ligne à l'eau. S’enrouler dans celle de quelqu'un d'autre, pour essayer encore un peu plus fort d'oublier. Finir sa soirée avec un inconnu, tout juste après avoir frenché dans les toilettes (parce que sur la terrasse, tout le monde fume, pis criss, y fait encore frette).

Baiser un peu trop vite, un peu trop mal, un peu trop pas-assez-comme-j'aurais-voulu. Pis s’endormir en pleurant, en silence. Dans les bras d'un autre. En pensant à toi, qui souffle ta 30e bougie. Dans les bras d'une autre. Pis me dire « Fuck, c'est con! », pendant que mes draps aimeraient se souvenir de toi.

Ouin…
Faque…

Finalement, c'est vrai qu'avril, ça sent un peu la marde.


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2 mars 2014

Mars, cette garce (ou faire un titre qui rime parce que ça sonne beau)

** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée : merci, Lapine! **

J’ai une relation amour-haine avec mars.

Des fois, mars, c’est vraiment hot. Tes voisins yolo ouvrent leur piscine pour deux semaines (pour vrai), tu mets tes Converse et tu marches jusqu’au Dairy Queen pour ton premier Blizzard de l’année, en changeant de trottoir pour éviter les quelques plaques de glace qui ont survécu au soleil. (Mais vu que t'es pas super originale, tu te décourages vite du line-up de 2 h et tu te rabats sur un Drumstick au dépanneur.)

Des  fois, mars, c’est vraiment poche. Des fois (souvent), mars, c’est ça :

Tes mini-shorts achetés en février te dévisagent, l’air de dire « c’est quoi là, tu nous voulais super gros pis maintenant que tu nous as, tu nous tiens pour acquises et tu nous touches plus? »  Tu scrappes de sel tes nouveaux souliers portés prématurément parce que t’en pouvais juste plus de tes bottes trop lourdes.

(Ma vie tourne beaucoup autour de mon garde-robe; c’est totalement assumé.)

Bref, mars, c’est juste une petite garce qui nous fait croire que parce que le soleil se couche plus tard, il va être plus chaud.

C’est faux.

Mars, c’est 2/3 d’hiver, 1/3 de printemps. 

Dans un autre ordre d’idées, totalement : parlant de mars, quelqu’un peut me dire à quel moment les barres Mars au chocolat blanc ont disparu, pourquoi, et surtout, pour quelle raison personne ne m’a avisée à l’avance?


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8 février 2014

L'université

Il y a déjà belle lurette que je n'avais eu à m'installer pour faire un travail universitaire "digne de ce nom" (tousse), ou du moins, à me flageller pour ouvrir mon ordinateur à des fins autres que perdre mon temps sur facebookpinterestcandycrushlapressealdoshoes ou que planifier un cours.

Samedi matin, à deux jours de la date de remise (quand même, j'suis à mon affaire! ok non c'est juste que demain, j'aurai ma correction et ma planif à faire, gnnnnaaaaaaa), aucune motivation. On va déjeuner au resto, on passe chez Emaüs pour rien, on va niaiser dans les magasins, on achète trop de cossins, on revient un peu tard, il est fini, le matin.

Samedi midi. Faut quand même que je dîne là...

Samedi un peu passé midi. Petite game de Candy Crush. Deuxième game de Candy Crush. Ok, je joue jusqu'à ce que je manque de vies.

Samedi, 13 h 40. Changement de pièce dans l'appartement et installation physique pour travailler. Choix de musique, préparation d'une boisson de survie latte, tite couverte sur la chaise de bois, éclairage adéquat, livres à portée de main. Je suis la reine du monde.

Samedi, 14 h. J'ai mis la bonne police de caractères pis j'ai reformulé les consignes du travail. J'ai fait ma page de présentation et mes styles pour que ma table des matières marche bien à la fin. J'ai écrit les titres "introduction" et "conclusion". Je suis une secrétaire avec un beau contenant pas de contenu.

Samedi, 14 h 5. Je m'autorise une pause pour bloguer, et Chaton se couche sur mes cahiers.

...

Ça ne me manquait pas, "les plus belles années de ma vie".


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6 février 2014

La farniente

J'ai envie de me lever tard, de rester en mou, d'appeler une copine, d'aller avec elle bruncher au resto avec ma tuque sur la tête pour cacher ma crinière folle, puis de revenir chez moi regarder des films tout l'après-midi et lire des revues où y'a plus de publicités de parfum que de contenu.

Ma guitare sera accordée et je trouverai le refrain d'une chanson pop.

Je vais même partir une batch de sauce à spag pendant les films, prendre une douche vers 18 h - 19 h et me mettre belle pour souper à l'heure des Européens avec mon chum.

Lui, il boira du vin, pas arrangé du tout avec son t-shirt du Défi des jeunes marins qui est au moins par deux tailles trop grand. Moi, je serai belle, mais je sacrerai dans ma tête (encore 22 semaines de sevrage).

On mangera des Revellos comme dessert. On donnera même les bâtons au chat à la fin pour qu'il se gâte avec les restants.

Tsé le genre de jeudi matin, au milieu de la semaine de travail, où tu sens dès le réveil que ta journée va être productive.

NOT.


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2 février 2014

Arrêter d'être aveugle (ou comment bien utiliser la canne rouge et blanc)

** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée, yay!!! Merci A-A! **

14 FE, que c'était écrit sur le carton de lait sans lactose qui, déjà, avait connu des jours meilleurs. Avant. C'est pour 14 février ou pour février 2014? Si c'est février 2014, ça veut-tu dire qu'il est "moins meilleur" à partir du 1er ou bien il empire (ou expire) seulement le 28? Ou le 29?

C'est-tu une année bissextile?

Un autre carton vous confirme que le chiffre ne représente pas l'année. 14 FE 14, jour fatidique où le lait n'est plus meilleur. Il vous semble avoir noté un rendez-vous ce jour-là... coiffeuse, dentiste, garage?

Vous cherchez le calendrier des yeux, mais il y a longtemps que vous n'en accrochez plus au mur. Le temps passe trop vite de toute façon, vous étiez encore à la page février rendu en juillet. C'est là qu'elles vous sautent aux yeux.

Les cannes rouge et blanc.

Elles traînent au bout du comptoir. Personne ne s'en sert depuis des mois. Pourtant, elles sont toujours là, si près de la poubelle que vous auriez pu les garrocher dedans d'un geste décidé et passer à autre chose. Vous avez même une petite pensée que si vous étiez parent, vous pourriez toujours vous justifier que les enfants les ont laissées là au cas où un lutin aveugle en aurait besoin... mais vous n'êtes pas parent.

Si vous l'étiez, vous vous imaginez que plus aucun vestige de Noël ne traînerait chez vous depuis longtemps.

Vous êtes en retard tout le temps, alors vaut mieux l'être pour une bonne cause cette fois. Celle d'étirer Noël pendant encore deux mois après la date Meilleur Avant. Parce que oui, ça aurait été meilleur avant, mais vous n'aviez pas une minute, vous aviez un horaire de travail inversement proportionnel aux vacances des autres. Alors, avec févrilité, vous savourez Noël jusqu'à sa date d'échéance, ou avant que le prochain hit commercial au calendrier vienne vous donner une nouvelle bonne raison d'ingurgiter du chocolat et du vin en abondance...

Curieux à quel point les ingrédients sont les mêmes pour célébrer ou pour oublier la Satin-Valentin.

Alors vous sortez la recette de biscuits au chocolat blanc et aux cannes en bonbon de Ricardo.

Pis comme les biscuits, c'est bon avec du lait...
Pis comme le rouge et le blanc mélangés, ça fait rose...

Bin ça met du satin sur les aspérités de février.


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12 janvier 2014

Arrêter de rentrer son ventre

Ce qui est l'fun en janvier, si on enlève le froid, le manque de soleil, la déprime collective, le char qui part pas, les bottes cernées de sel, le retour en classe ou au travail et tous les petits irritants janvieux, c'est qu'en janvier, le temps des Fêtes est fini. En gros, ça veut enfin dire que pu personne est obligé d'être heureux au max parce que c'est un temps de réjouissance et blabla.

On peut être "normal" et avoir des fluctuations d'humeur, en paix. Virgule désirée.

Les journaux et les revues cessent de vouloir nous apprendre à matcher notre dinde avec notre décor et à choisir le meilleur cidre de chez nous pour recevoir une parenté pas toujours désirée. Tu peux t'acheter du savon à main sucré dans un magasin surspécialisé sans te faire offrir un cadeau d'hôtesse à seulement 8 $. En plus, la plupart des gens sont cassés, alors personne ne t'achale pour aller à un 5@7 pseudo-fancy dans une place qui essaie d'avoir de la classe mais qui est juste cheap pis située sur une artère en vogue : t'as le droit de répondre que t'es serré ces temps-ci et c'est accepté. Personne t'ostine. Jamais. Jouer à Candy Crush en paix un vendredi soir habillée en mou devient soudainement une activité pertinente et socialement encouragée.

Respirez-vous mieux?

C'est comme quand tu reviens d'une journée passée à la plage : t'es tellement contente d'arrêter de rentrer ton ventre pour cacher tes bourrelets que tu fais presque exprès pour faire sortir ton gras par-dessus ta ceinture.


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1 janvier 2014

Le premier de l'An

Il était tôt, ton Facebook pis ton chat étaient encore endormis mais plus toi. T'avais rêvé que tu marchais sur la Main à Magog et qu'il faisait doux, un vent chaud qui soulevait ta robe légère malgré les bancs de neige. T'avais croisé ton père pis t'avais acheté une slush au cerises : ça t'avait réveillée avec un sourire, un rêve incongru et efficace pour commencer une nouvelle année. T'as failli chercher sur les zinternettes la signification du rêve, puis tu t'es dit que woh. À la place, tu scrollais les photos de gens saouls et de drinks élaborés (ou pas), mais tu n'étais plus frustrée.

T'as un t-shirt qui dit "Going to bed with a dream / Waking up with a purpose", mais tu feelais plutôt "Waking up after a dream, not hungover / Still having a purpose", sauf que ça sonne drôle pis ça aurait pas fait un bon t-shirt.

Mais dans ta tête, ça fabriquait du sens parfait.


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