12 janvier 2011

La chienne

C'est à huit ans, à une fête d'amis où tu te tiens dans la piscine près du bord, scotchée au plastique, les lèvres mauves. C'est quand tout le monde saute en même temps en faisant des bombes et que toi tu ne sais pas encore nager, le bouillon que tu avales presque et qui te ressort par le nez.

C'est dans la cour d'école, quand tu te tiens debout au milieu du cercle et que tout le monde rit. C'est lire le numéro 2 du Club des Baby-Sitters dans un coin à la récré. C'est l'odeur du ballon que t'enroules autour du poteau à grands coups de poing avec les rejets de ton année pendant toute la troisième étape parce que la chef de ta gang t'a mise dehors.

C'est la veille de la première journée au secondaire, la tension qui te garde réveillée alors que tu veux dormir. C'est la lumière que tu allumes aux cinq minutes pour regarder ton horaire du lendemain et mémoriser les numéros de classe, ton jeans et ton chandail préférés qui t'attendent sur une chaise, un bouton qui te pousse sur le nez.

C'est au début de l'adolescence, quand tu passes la soirée à embrasser ton premier vrai amour et qu'il est trop excité. C'est quand il te pèse sur la tête pour te forcer à le sucer, quand il vient dans ta bouche sans rien demander, le haut-le-cœur que tu réprimes, les deux aspirines que tu avales dans la salle de bain.


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