30 juin 2010

Desjardins - Conjuguer avoirs et êtres

Journée ensoleillée, heure de pointe, jeudi de paie : je veux aller retirer des sous au guichet pour pouvoir me faire livrer de la poutine. Parce que ça va si bien avec la bière sur la terrasse du bloc au doux vent de la pu-jeune-jeune capitale.

Je me pointe donc dans mon établissement préféré où une charmante file de 15 personnes s'étire déjà devant l'unique guichet. Il fait beau, j'ai de la musique : je me sens vachement patiente et je souris.

L'attente est ce qu'elle est. Mon regard qui se promène ne sait de quoi se délecter alors il lit tout ce qu'il frôle. La marge de crédit : une solution souple et économique à vos besoins de financement. Prêts étudiants : des produits de crédit conçus expressément pour répondre aux besoins des étudiants de niveaux collégial et universitaire. Desjardins actif dans la communauté : voici les organismes qui ont obtenus une bourse... obte-quoi??? Pardon?? Obtenus. ObtenuSSSSSS, bordel!! Diantre!

Le pauvre s glissé là par mégarde me regarde, presque gêné d'être bien en vue sur la belle affiche en couleur. Je zieute autour de moi, mais personne ne semble avoir remarqué le méfait. C'est mon tour pour le guichet. Puisque je suis si post-secondairement éduquée, bourgeoise et chiante, je me dirige vers ladite affiche devant les yeux inquiets de la molle file. De ma sacoche toujours trop pleine je tire un crayon rouge avec lequel je trace un trait sur le s.

PP avec avoir, COD placé après = pas d'accord

La correction faite, je peux enfin respirer et retirer le petit 20 $ chétif que je mangerai grassement.

Constat : chez Desjardins, ils savent conjuger (*conjuguer, oups!) avoirs et êtres, mais il rushent un peu avec leurs participes passés.

Constat : je suis vraiment brainwashée par mes cours de grammaire.


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28 juin 2010

C'est en spécial

À l'épicerie de quartier, celle qui est un peu crade.

La madame est grasse. Ses cheveux sont gras. Sa face itou. Même sa sacoche a l'air grasse.

Et j'entends sortir de sa suintante bouche :
'' Moé j'les comprends pas, c'te monde-là. Y savent pas vivre.''



Juger, c'est quelque chose d'abordable.


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21 juin 2010

Lis-moi loup

On a appelé la police, deux fois : rien à faire, le maudit gossant avec la voix qui fausse s'époumonait quand même sur du Kevin Parent désaccordé en rotant un restant de jell-o shot. Sous ma fenêtre, genre. Sur leur maudite terrasse. Avec une chorale d'alcooliques sourds au pas-de-talent.

Sa blonde était trop saoule (l'était-elle?) pour remarquer qu'elle frenchait son meilleur ami dans les escaliers de métal. Ils regardaient le chat qui regardait un mulot. Nous, on les regardait, assis dans le lit, avec mon fuckfriend qui sacre parce qu'on peut pas baiser en paix. Même si on monte le volume de la toune de Deftones.

Des fois, je me sens comme une prostituée.

Le gars de la livraison cherchait qui avait commandé de la poutine. On sait pas si c'est la bonne personne qui l'a finalement prise, mais a l'a toute échappé son restant sur le plancher déjà trop sale. Pis ça a fait rire le guitariste raté.

J'aimerais ça, être dans le party. Pointer l'horizon à 5 heures en disant, fière : ''Fuck, le soleil commence à se lever!'' Pis errer dans les rues à la recherche d'un resto ouvert tôt le dimanche et où y font des déjeuners. Être jeune et avoir un nouvel amoureux.

Vers 6 heures du matin, le gars que la fille frenchait a eu envie de pisser pis il l'a fait sur un mur en s'en ventant aux autres. Comme c'était drôle, les gars ont tous signé leur nom en pisse sur le même mur. En chantant l'hymne national bilingue.

Mon fuckfriend, lui, éclabousse partout quand y pisse dans ma toilette.

C'est dans ce temps-là qu'on s'ennuie de l'hiver.


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