9 avril 2014

Une brioche au four

Avertissement : cet article parle d'une soirée moche dans ma vie de femme enceinte. Si ça vous gosse, les femmes enceintes, ne le lisez pas. Si vous cherchez des réponses à vos maux de femme enceinte, ou si vous venez de taper "dépression grossesse" dans google et que vous pleurez en vous flattant le ventre, sachez que je n'ai absolument aucune compétence en la matière et que vous devriez arrêter de lire tous les forums où les madames enceintes disent à d'autres madames enceintes "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?". Anyway, la moitié de vos bobos vont s'évaporer si vous buvez beaucoup d'eau. Pis si vous pensez que mon quotidien se résume à ce texte et que c'est représentatif de mon humeur globale, vous êtes dans le champ : les autres journées de ma vie sont bin plus anodines et inintéressantes. Merci.


Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.

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La journée commence pourtant bien : je me réveille et je regarde ma pédagogique, plein de temps devant moi pour m'avancer dans mes trucs, pis, en prime, j'ai un 5@7 en fin de journée avec des amis que je n'ai pas vu depuis longtemps.

Je suis excitée.

Je prends évidemment 40 minutes de plus qu'à l'habitude pour me mettre cute le matin parce que je veux don' tellement-tu impressionner mes amis avec ma face pis mes cheveux resplendissants de "aura de femme enceinte" (il faut entretenir le mythe) pis je change de linge 4 fois parce que j'suis pu tellement habituée d'avoir une vie sociale et que j'veux être belle comme mes élèves quand elles se chixent pour aller veiller.

Mon reflet dans le miroir me convainc.

Je suis surexcitée. Sûrement trop.

Je décide de me faire un latte pour aller travailler parce que fuck les restrictions alimentaires et je pars à l'école au son de "Nine in the Afternoon". Je suis dans le char, alors j'peux pas vraiment le jurer, mais j'suis convaincue qu'un soleil en carton jaune fluo me suit au-dessus de la tête tout au long de la ride. J'ai d'ailleurs sûrement l'air d'une pochette psychédélique d'album des Beatles.

Après, y'a comme vortex de sept heures qui suce toute ma joie de vivre.

À ma sortie de l'école, je m'aperçois qu'il a (encore) neigé (tabarnak). Je déblaie Suzanne en sacrant parce que j'ai toujours de la misère à me rendre sur le toit du haut de mes 5 pieds pis que c'est le moment où mon balai à neige rétractable foul top décide de rendre l'âme. Mes cheveux, qui avaient miraculeusement toffé la journée, sont mouillés pis tapés sur ma tête en même pas deux minutes. Le ventre commence à me tirer parce que je suis trop fatiguée. La neige continue à tomber pour me narguer. L'imbécile derrière moi me colle au cul même si j'arrête pas de lui foutre les breaks dans la face pour lui faire comprendre que c'est glissant pis qu'il me gosse. Je fais des fuck-you dans mes mitaines en sentant monter en moi des pulsions de mort. Ça me prend le double du temps habituel pour revenir chez moi, dont la moitié où j'essaie de retenir les larmes qui montent parce que je me rends compte que je ne peux pas boire MÊME SI LA BIÈRE SERAIT BONNE EN CRISS en majuscules. Une fois parquée devant chez moi, la connasse de neige fait couler mon mascara à peu près jusqu'à mes genoux. Je monte les quatre étages de mon bloc en cherchant mon souffle parce que mon corps pas en forme peine à faire circuler les litres de sang que j'ai en surplus. J'entre chez moi pis mon chum est trop fin pour mon état d'esprit, alors je lui pitche en pleurant qu'être à jeûn, c'est de la marde, que je dois vraiment être alcoolique, que j'aurai pu jamais de vie sociale normale pis que j'y vais pu, au fucking 5@7, mais qu'il peut y aller, lui. À ce moment précis, je me crois. Au bout de deux heures et après avoir constaté l'inefficacité de Bridget Jones et des Revellos sur mon moral, je trouve que ça fait trop longtemps qu'il boit en ayant du plaisir, alors je change d'idée pis je lui téléphone avec un ton de sos-suicide-ma-vie-est-un-enfer-à-perpétuité pour lui dire de revenir à l'appart pis que j'feele pas. Je raccroche trop vite pis trop fort. Je tourne en rond dans l'appart en pleurant pis en faisant des sons de gorge épeurants. Je cherche "dépression grossesse" sur Google pis je me mets à lire des forums de madames enceintes qui se disent entre elles "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?" en pleurant de plus belle. Chaton passe par là, alors je l'empoigne et l'oblige à se coucher sur moi pour lui imposer ma peine en le caressant avec trop d'insistance. Chaton regarde par-dessus mon coude vers la Liberté. J'ai l'humeur d'une fille de 15 ans qui a pas dansé un seul slow au dernier party alors que sa best, elle, a même frenché.

Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.


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