Avertissement : cet article parle d'une soirée moche dans ma vie de femme enceinte. Si ça vous gosse, les femmes enceintes, ne le lisez pas. Si vous cherchez des réponses à vos maux de femme enceinte, ou si vous venez de taper "dépression grossesse" dans google et que vous pleurez en vous flattant le ventre, sachez que je n'ai absolument aucune compétence en la matière et que vous devriez arrêter de lire tous les forums où les madames enceintes disent à d'autres madames enceintes "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?". Anyway, la moitié de vos bobos vont s'évaporer si vous buvez beaucoup d'eau. Pis si vous pensez que mon quotidien se résume à ce texte et que c'est représentatif de mon humeur globale, vous êtes dans le champ : les autres journées de ma vie sont bin plus anodines et inintéressantes. Merci.
Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.
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La journée commence pourtant bien : je me réveille et je regarde ma pédagogique, plein de temps devant moi pour m'avancer dans mes trucs, pis, en prime, j'ai un 5@7 en fin de journée avec des amis que je n'ai pas vu depuis longtemps.
Je suis excitée.
Je prends évidemment 40 minutes de plus qu'à l'habitude pour me mettre cute le matin parce que je veux don' tellement-tu impressionner mes amis avec ma face pis mes cheveux resplendissants de "aura de femme enceinte" (il faut entretenir le mythe) pis je change de linge 4 fois parce que j'suis pu tellement habituée d'avoir une vie sociale et que j'veux être belle comme mes élèves quand elles se chixent pour aller veiller.
Mon reflet dans le miroir me convainc.
Je suis surexcitée. Sûrement trop.
Je décide de me faire un latte pour aller travailler parce que fuck les restrictions alimentaires et je pars à l'école au son de "Nine in the Afternoon". Je suis dans le char, alors j'peux pas vraiment le jurer, mais j'suis convaincue qu'un soleil en carton jaune fluo me suit au-dessus de la tête tout au long de la ride. J'ai d'ailleurs sûrement l'air d'une pochette psychédélique d'album des Beatles.
Après, y'a comme vortex de sept heures qui suce toute ma joie de vivre.
À ma sortie de l'école, je m'aperçois qu'il a (encore) neigé (tabarnak). Je déblaie Suzanne en sacrant parce que j'ai toujours de la misère à me rendre sur le toit du haut de mes 5 pieds pis que c'est le moment où mon balai à neige rétractable foul top décide de rendre l'âme. Mes cheveux, qui avaient miraculeusement toffé la journée, sont mouillés pis tapés sur ma tête en même pas deux minutes. Le ventre commence à me tirer parce que je suis trop fatiguée. La neige continue à tomber pour me narguer. L'imbécile derrière moi me colle au cul même si j'arrête pas de lui foutre les breaks dans la face pour lui faire comprendre que c'est glissant pis qu'il me gosse. Je fais des fuck-you dans mes mitaines en sentant monter en moi des pulsions de mort. Ça me prend le double du temps habituel pour revenir chez moi, dont la moitié où j'essaie de retenir les larmes qui montent parce que je me rends compte que je ne peux pas boire MÊME SI LA BIÈRE SERAIT BONNE EN CRISS en majuscules. Une fois parquée devant chez moi, la connasse de neige fait couler mon mascara à peu près jusqu'à mes genoux. Je monte les quatre étages de mon bloc en cherchant mon souffle parce que mon corps pas en forme peine à faire circuler les litres de sang que j'ai en surplus. J'entre chez moi pis mon chum est trop fin pour mon état d'esprit, alors je lui pitche en pleurant qu'être à jeûn, c'est de la marde, que je dois vraiment être alcoolique, que j'aurai pu jamais de vie sociale normale pis que j'y vais pu, au fucking 5@7, mais qu'il peut y aller, lui. À ce moment précis, je me crois. Au bout de deux heures et après avoir constaté l'inefficacité de Bridget Jones et des Revellos sur mon moral, je trouve que ça fait trop longtemps qu'il boit en ayant du plaisir, alors je change d'idée pis je lui téléphone avec un ton de sos-suicide-ma-vie-est-un-enfer-à-perpétuité pour lui dire de revenir à l'appart pis que j'feele pas. Je raccroche trop vite pis trop fort. Je tourne en rond dans l'appart en pleurant pis en faisant des sons de gorge épeurants. Je cherche "dépression grossesse" sur Google pis je me mets à lire des forums de madames enceintes qui se disent entre elles "oulaaa, t'as pensé à consulter ton toubib?" en pleurant de plus belle. Chaton passe par là, alors je l'empoigne et l'oblige à se coucher sur moi pour lui imposer ma peine en le caressant avec trop d'insistance. Chaton regarde par-dessus mon coude vers la Liberté. J'ai l'humeur d'une fille de 15 ans qui a pas dansé un seul slow au dernier party alors que sa best, elle, a même frenché.
Ça fait que j'écoute "Smile" de Lagwagon sur repeat un vendredi soir seule à l'appart en flattant trop fort mon chat qui veut juste se sauver pis en pleurant ma vie.
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Fantasmes éhontés d'une fille qui, dans la vraie vie, n'a pas de vie
9 avril 2014
1 avril 2014
Avril (ou quand Chewbacca s'est tapé 10 livres de thon rouge, en mauvaise blague, pendant que Jésus cherchait des cocos de Pâques en écoutant du Ingrid St-Pierre qui écoute du Angus and Julia Stone)
** Cet article a été rédigé par une blogueuse invitée : merci, M̶a̶r̶i̶e̶-̶C̶l̶a̶u̶d̶e̶ Marie-Claire! **
Un
homme m'a dit, il y a longtemps, qu'avril était le pire mois de l'année; qu’il
était inutile. Moi, je ne comprenais pas trop son raisonnement, je n'étais pas
vraiment en accord. Mais je l'écoutais, fascinée par ses idées, et buvais ses
paroles comme une pauvre adolescente de 16 ans trop émerveillée par le vocabulaire
de plus de 3 syllabes qu'il utilisait dans une si parfaite syntaxe. C'est comme
s'il était tombé dans la potion magique du dictionnaire des cooccurrences quand
il était petit. Faut voir ça comme on veut, mais moi, c'était assez pour me
faire ovuler. Presque autant que les chansons de Louis-Jean Cormier. Parce qu'il
était d'une étrange beauté, qu'il avait des yeux verts perçants et qu'il faisait
bien l'amour. Le presque vrai. Celui qu'on fait avec ses mains, avec sa bouche,
avec sa langue, avec tout son corps. Tsé, pas juste y'inque avec sa queue… mais
pas toujours avec ses yeux.
Reste
que j'étais quand même pas d'accord avec lui! Avril, c'est le début du
printemps. Le printemps, c'est la saison des amours. C'est quand tout se
réveille autour de nous. Par déduction mathématique primaire et mal organisée,
avril, C'EST l'amour!
Avril,
ça sent le soleil qui chauffe, la neige qui fond. Ça sent le spectacle de danse
qui arrivait à grands pas. Ça sent la tonne de spray net sur les dizaines de
bigoudis qui trônait sur ma tête pendant 12 heures, pour que je sois la plus
belle. C'est le sentiment d'accomplissement, debout, au devant de la scène.
Pendant que tout le monde me suivait, parce que c'était moi la meilleure.
Avril,
c'est des poissons en papier collés dans le dos, des rires d’enfants et du
plaisir avec pas grand chose. Nous, on était wise, on cachait des cannes de thon dans les chaussures de mon
père. Pis c’était hilarant!
Avril,
c'est le traditionnel brunch de Pâques avec toute la famille. C'est la chasse
au trésor qui menait à notre lapin en chocolat qu'on avait le droit de bouffer au
déjeuner. C’est les courses dans la maison, en pieds de bas, pour rattraper mon
frère qui m’avait volé un œil en bonbon. C'est les matins d'excursion, avec la
gang de l'université, à aller cueillir l'eau de Pâques dans le petit ruisseau à
côté du chalet.
Avril,
c’est une journée un peu dernière minute à la cabane à sucre, avec les amis et
leurs kids. Parce qu’on est rendus
là.
Avril,
c'est profiter des premiers rayons du soleil sur une terrasse dans le
Vieux-Terrebonne, avec nos manteaux de printemps, nos lunettes de soleil, une bière
et un nachos. C'est regarder les gens passer, sourire et être heureux!
Avril,
c'est l'anniversaire de ma cousine, de mon cousin, de ma tante, de 35 de mes
amis Facebook et de cinq de mes vrais amis.
Avril…
Avril.
Avril,
c'est aussi ton anniversaire.
C'est
le coupe-vent Point Zéro bleu marine et jaune moutarde laitte trop grand que je
portais à 10 ans. C'est les bottes de pluie qui restaient coincées dans la
boue, à côté d'un crottin de bébé chèvre et d'un petit vomi, vestige de la
cinquième tire d'érable qu'on avait d'englouti. C'est la fois où j'suis tombée
dans le ravin d'eau de Pâques et que j’ai chopé une bronchite pendant un mois. C'est
grand-maman qui a encore oublié mon nom pendant le brunch. C'est matante Lucie
qui a encore cassé une coupe de vin, parce qu'elle avait trop bu. C'est mononc’
Louis qui en a profité pour faire des jokes déplacées. C'est les nouvelles
familles pleines de bonheur qui utilisent 87% du trottoir sur la rue Cartier
avec leur poussettes doubles et qui m’empêchent d’avancer à mon rythme!
Avril,
c’est le dernier mois socialement acceptable pour se laisser pousser le poil
sur les jambes sans avoir à se raser tous les jours. Parce qu’après il faudra
« être une fille », au « complet », en permanence (d’un
coup qu’on croise le prince charmant dans la rue). Jusqu’à l’automne, où l’on
pourra redevenir la version pin up de Chewbacca.
Avril,
analogiquement parlant, c'est baiser avec le poissonnier du quartier. C'est se
gaver de petits chocolats en remerciant Jésus d'avoir souffert comme le
st-ciboire pour nous.
Avril,
c'est sortir et se maquiller pour avoir l'impression d'être plus belle (peinture
de guerre, princesse armée). Partir à la chasse, ou plutôt, à la pêche. Pour
espérer pogner un poisson (sans trop penser qu'on pourrait être le poisson d'un
autre). Sortir ses atouts avant de lancer sa ligne à l'eau. S’enrouler dans
celle de quelqu'un d'autre, pour essayer encore un peu plus fort d'oublier. Finir
sa soirée avec un inconnu, tout juste après avoir frenché dans les toilettes (parce
que sur la terrasse, tout le monde fume, pis criss, y fait encore frette).
Baiser
un peu trop vite, un peu trop mal, un peu trop pas-assez-comme-j'aurais-voulu.
Pis s’endormir en pleurant, en silence. Dans les bras d'un autre. En pensant à
toi, qui souffle ta 30e bougie. Dans les bras d'une autre. Pis me
dire « Fuck, c'est con! », pendant que mes draps aimeraient se
souvenir de toi.
Ouin…
Faque…
Finalement,
c'est vrai qu'avril, ça sent un peu la marde.
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