11 septembre 2011

La tag de boules à mites

Bon, là Clarence a parti une tag de boules à mites avec comme consigne de ''ressortir un vieux texte à prétention littéraire et le recopier avec un minimum d'explications contextuelles, pour le plus grand plaisir de tous et toutes''.

Après des heures de recherche intense dans mes boîtes un peu partout à l'appart, je ne trouvais rien et j'étais sur le point d'abandonner quand j'ai finalement retrouvé mon texte ''se voulant sensuel'' écrit en secondaire 5 pendant l'étape où on faisait de la poésie.

(Ouch... Sérieusement, j'peux pas croire que je vais recopier ça ici, je trouve ça VRAIMENT gênant/très très drôle, je m'esclaffe à la lecture de plusieurs des passages.)

Alors voilà, Valérie, 17 ans, à fleur de peau, prétentieuse et surtout encore très vierge à l'époque, et sur ma feuille de cartable j'ai signé ''Lège'', nom de poète que je m'étais donné pour l'occasion (consigne de notre prof) :

La tempête

Je te retrouve enfin
Toi qui me hantes, toi qui me tentes
La musique de ton corps appelle le mien :
''Allez, viens, approche-toi, viens, livre-toi''

L'attente est prolongée, le fantasme est cuisiné

Fatalement, la valse l'emporte
La nuit caresse nos lèvres inassouvies
Nos parfums se soudent en un pacte de chair
Une passion brûlante nous consume
Ah! La chaleur de nos corps réunis
Ah! La douceur d'un désir infini

Embrasse ma peau nue
Car elle s'abandonne à la débauche

Entends-tu mon coeur battre?
Il dégringole une pente folle
Celle du baiser qui déclenche tout
Celle qui, malgré sa descente enivrante,
Nous agrippe dans son puissant voltige
Pour mieux nous propulser au sommet de la volupté

Mes sens ont enfin saisi
L'impatience du Grand Guerrier
Mes vierges lèvres ont enfin joui
De cette fougueuse flèche que tu m'as décochée

- Lège

Je suis vraiment impressionnée du sérieux avec lequel j'ai pu écrire ce texte alors que je n'avais absolument aucune idée ce dont je parlais! ''Ah! Le Grand Guerrier! Agrr agrr!'' Beau ramassis cheap de scènes que j'avais dû lire dans un roman de Marie Laberge ou de Virginia C. Andrews...

Mais là voilà, merci Clarence, j'ai la piqûre de la nostalgie et j'ai relu la pile de feuilles de cartable de cette époque. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le poème que j'ai recopié ici est le seul qui parle d'amour et de sexe; les autres sont beaucoup plus sombres et violents, comme en témoigne celui-ci :

Étouffe

Étouffe-toi, c'est écrit jaune sur rouge en caractères McDo que t'as pas ta place ici

Prends une bonne grosse bouchée de burger à 99 ¢
Celle qui va passer dans le mauvais trou
''Fais sûr'' [NDLA : j'l'ai vraiment écrit ça entre guillemets!] de bien comprendre que si merde il y a dans cette société de merde, c'est toi
C'est toute
tite
type
pipe
pile
file
fire comme feu
brûle
braille
caille
Pourris dans ton lait moisi, bactérie
Lâche pas, t'es capable, on t'aime Val, t'es belle/bonne/cool/géniale, mais STP, étouffe
ÉTOUFFE

J'aurais tellement fait une bonne emo... Je suis née à la mauvaise époque. J'ai le goût de me lâcher un call quelque part à la fin des années 1990 pour me dire que j'suis une bonne personne et que tout va bien aller, que c'est juste une passe plus sombre. Que si j'en ressens le besoin, je peux appeler Tel-Jeune. Pauvre petite Val...

Rassurez-vous : mes écrits dépressifs du secondaire sont suivis d'un shitload de lettres d'amour écrites par mon premier chum, quelques mois plus tard, où il me jure son amour fou et éternel gros comme ça à la vie à la mort. Ou pour trois ans, mettons.

Et maintenant, qui veut prendre la tag?


_____

7 commentaires:

  1. D'is good in so many ways, peut-être parce qu'on est qqpart des Hôteurs déjà consacrés sans le savoir et que ça teinte tout ce qu'on peut relire/livrer de nos tâtonnantes tentatives d'hier et d'aujourd'hui, telles les rimes latines de Rimbaud et les notes de blanchisseuse de Baudelaire publiées dans la Pléiade. À part ça, belles rimes en "i" et en "er" en passant, girl... Comme je comprends cette sensualité à laquelle échappe encore les ressources du vocabulaire qu'elle ne parvient pas à faire exploser... (alors l'esprit dark, lui, invente spontanément ses formes sans anicroche).

    Soyons humbles, mais pas trop: "recopier avec un mininum d'explications contextuelles" est une consigne franchement pas respectée et qu'il est plaisant de ne pas respecter bien qu'il faudrait quand même essayer. On dirige trop la réception, là. Comme dirait Annie Dillard, « Combien de livres lisons-nous, dont l'auteur n'a pas eu le courage de couper le cordon ombilical? Combien de cadeaux ouvrons-nous, où l'écrivain a négligé de retirer l'étiquette du prix? Est-il nécessaire, est-il courtois que nous apprenions ce que cela a coûté personnellement à l'auteur?»

    er, mais on est pas à noël, stie, on est dans des blogues et comme toujours, l'étiquette du prix n'est plus une erreur, elle génère au contraire une doxà qui se suffit presque à elle-même et est quasi sa propre récompense.

    Entk, Fuck 911, vivent les tags, et Led Zep dans le tapis (ou Virginia C. Andrews), en ce qui me concerne.

    RépondreSupprimer
  2. Un jour, peut-être, j'arrêterai de m'excuser quand je dirai ''c'est moi''.

    Pas rendue là.

    RépondreSupprimer
  3. Aaaaaaaaah, j'aimerais tellement prendre la tag, mais comme je suis une pré-80's, j'ai vraiment pas le goût d'apprendre comment faire un blog et je ne vais quand même pas publier des écrits pré-pubères sur un blog que je respecte, no fucking way.
    J'ai BEAUCOUP apprécié tes guillemets et la NDLA qui va avec...
    - Julie

    RépondreSupprimer
  4. Enfin l ' écrivaine, la poétesse revient !
    Un ami de A-A

    RépondreSupprimer
  5. Je suis ému à m'en scarifier l'avant-bras.

    Non, pour vrai, merci Val, c'est du gros stock que tu nous offres là. Ce qui me frappe surtout, avec ces trucs, c'est notre sérieux de fin d'adolescence. On était comme incapable de niaiser, parce que tsé la littérature pis la powésie c'est fucking sérieux, pis c'est comme si on se rattrapait depuis ce temps-là.

    RépondreSupprimer
  6. Ouais c'est pas mal beau tout ça.

    RépondreSupprimer