3 mars 2011

I'm a frog, you're a frog, kiss me

Faire son cégep en anglais... Mais qu'écrivai-je donc? Ouuuuuu ouch! Ouf! Danger, iiiiiiiiiiiii, va-t-on survivre? J'ai peur! Maman?

Favoriser l'immersion des immigrants et de leurs enfants en les envoyant au primaire et au secondaire en français : oui. Être conscient de l'importance de la langue et du fait qu'on est quand même une petite île francophone dans une mer anglo : bin oui.

Mais quand on parle des cégeps, on parle d'adultes (ou presque) libres d'apprendre les langues qu'ils veulent bien apprendre et, surtout, conscients de leur faiblesse en anglais et des exigences du marché du travail. On s'entend là-dessus là. Alors je m'excuse, Monsieur Curzi, mais cet élargissement de la loi 101 qui semble tant vous animer, il ne me séduit pas beaucoup.

D'abord, en tant que petite fille qui vient d'une région où la langue de Shakespeare est quand même déjà plus présente que dans la plupart bdes autres régions du Québec, je peux compter sur les doigts de mes mains mes amis d'enfance qui ont fait leur cégep en anglais. Ça n'est manifestement pas une majorité, ni une menace, ni une tendance généralisée.

Et ces traîtres anglicisés (!) me parlent encore en français, écrivent des statuts en français sur Facebook, travaillent en français, bloguent en français, répondent au téléphone en français, regardent des émissions dans les deux langues (comme tout le monde, quoi), bref, ils n'ont rien perdu de leur ''sentiment d'appartenance'' juste parce qu'ils ont passé deux années de leur vie à étudier en anglais. Évidemment!

Le seul côté ''négatif'' de la chose qu'ils perçoivent (parce que oui, ils le perçoivent), c'est qu'ils ont souvent l'impression d'avoir de plus fortes lacunes en français quand vient le temps de rédiger. ''Je me mélange entre la structure anglophone pis francophone, on dirait.'' m'a déjà dit la Champeau.

Par contre, ce constat l'entraînait à être plus vigilante dans ses rédactions en français pour justement éviter les pièges qu'elle pressentait. Résultat? Une étudiante dans une université francophone qui obtient de meilleures notes que la plupart de ses collègues n'ayant pas fait leur cégep en anglais. Tiens donc, elle ne semble pas trop rongée par le Grand Mal...

Le problème est bien plus large que ça. J'oserais même vous poser la question : combien connaissez-vous de francophones pure laine qui ont fait leur cégep en français pure laine et qui, malgré tout, ne maîtrisent pas encore le français écrit pure laine? Un? Dix? ...trente?


La moitié de la 6e année en anglais

Pour ce qui est de cette proposition de monsieur Charest d'automatiquement instaurer une demi-année d'immersion en anglais en 6e année, là, je ne suis pas d'accord, mais ça n'est pas du tout pour une question d'identité sociolinguistique.

L'enseignement au primaire ouvre un tout autre débat : on parle d'un milieu où l'on manque déjà de ressources pour aider les élèves en difficultés d'apprentissage (ah pis oui, je glisse un lien vers cette pétition, je me sens politisée, aujourd'hui), et là on voudrait ajouter un apprentissage de plus?

Je côtoie chaque semaine à l'aide aux devoirs des enfants qui peinent à apprendre à lire et à écrire dans leur propre langue, ou qui ont des problèmes de comportement, et qui auraient tous besoin d'activités supplémentaires d'apprentissage, de révision, d'attention, d'encadrement ou d'un suivi plus serré que les enseignants, bien malgré eux, n'ont pas le temps d'effectuer parce qu'ils ont 24 autres élèves dans leur classe à qui ils doivent enseigner la vie.

Je n'imagine même pas la panique de mes amours s'ils apprenaient qu'ils devront faire toute cette matière en la moitié du temps alors qu'ils en manquent déjà pour tout assimiler.

Si l'on tient à investir dans l'éducation, pourquoi ne pas d'abord demander aux enseignants, aux techniciens en éducation spécialisée, aux orthopédagogues, aux directeurs, aux psychoéducateurs et aux orthophonistes quels sont leurs réels besoins? Je doute fort que leur réponse inclue un tableau blanc interactif...

J'imagine qu'à la base, l'idée serait de mieux adapter l'enseignement aux élèves : la possibilité de faire une immersion en anglais pour les plus forts me semble très pertinente, m'enchante, même, alors que des élèves plus faibles auraient besoin d'autres services. Pousser ceux qui en ont la capacité, soutenir ceux qui ont des difficultés : il est là, le défi en éducation. Pis pour ça, ça prend plus de ressources. Pis ça urge.

Au fond, je suis un peu d'accord avec elle.


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6 commentaires:

  1. Olivier Robichaud3 mars 2011 à 08:28

    Je suis d'accord avec ce que tu dis, mais il faut tout de même souligner que mettre trop l'accent sur l'anglais pour tout le monde comporte son lot de dangers. Le français et l'anglais ne sont pas sur un pied d'égalité à cause de la force d'attraction de l'anglais. Dans la plupart des familles bilingues, les enfants finissent par étudier et travailler en anglais.

    Je suis contre l'imposition du français au cégep, mais une société qui est trop bilingue finit par abandonner la langue moins forte (le cas de Bruxelles est très éloquent). En Amérique, cette langue-là c'est le français.

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  2. Qu' ajouter ?
    Nous avons des problèmes similaires en France !
    ( manque de moyens, dispersion des forces ...)
    J ' apprécie aussi la remarque d ' Olivier concernant la Belgique ! Soyez vigilants ! Gardez votre identité !

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  3. Dans les dents!!! Bravo Val!

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  4. Les Français vous aiment !
    Restez nos cousins !
    Conservez votre VOUS !

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  5. La pétition me plaît beaucoup ! Mais ... Je suis Français ! Puis -je m ' immiscer dans la politique de votre gouvernement ?
    Merci de me répondre .

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  6. Comme c'est une pétition déposée à l'Assemblée nationale, j'ai l'impression qu'il faut résider ici pour pouvoir la signer, mais bon, tout ce qu'ils demandent, c'est un code postal... Ça se trouve!

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