10 septembre 2010

Le jour et la nuit

C'est à l'heure où le fonctionnambule fé dôdô que je ressors (bong) dans la rue. Je marche longtemps seule, puis à contre-courant de ceux qui sont bien habillés : les noctambules irriguent la ville et n'ont que faire de mon petit manteau de pluie qui trottine vers chez lui. Je rigole un peu d'avoir battu mon ami à son jeu, car je l'ai encore battu à son jeu. Et c'était meilleur que du sexe!

Il fait noir et je n'ai plus rien à cacher, alors je garde ce même air qui murmure un nouveau sourire, comme cette chanson que j'écouterai sur repeat pendant toute la demi-heure qu'il me faut pour rentrer à la maison. Le tu est bien loin derrière : j'embrasse ma soirée au je.

En dix jours, le quartier du haut de la côte s'est déguisé; Independance Day est devenu Toussaint, et les feuilles sentent la répétition générale. J'aime mon pays, ce n'est pas un hiver, c'est l'automne. Sous une lumière ocre, mes leggings dansent la lambada contre ma robe lourde, et mon foulard me cajole le nez en faisant des bye-bye aux passants.

Je n'ai plus l'air déphasée : personne ne l'est quand on ferme la lumière et, en fait, tout le monde s'en fout. J'avance en pensant trop parce que je sais que je vais écrire ce texte, le sentiment de déjà-vu est simplement obsédant.

Mes bottes connaissent le chemin; j'arrive vite en haut des marches, c'est vraiment mon moment préféré. Toujours, le vent est au rendez-vous et envoie valser les frileux. Je m'arrête longtemps pour regarder le quartier du bas, le quartier sale qui ne dort plus. Il a des problèmes d'insomnie. La fontaine fait de la broue, complice d'un pré-pubère anonyme, et Esméralda fume une clope avec Quasimodo sur le perron de l'église en attendant son shift.

D'une voie à l'autre, les voitures et les passants ne savent plus où aller. Moi, je me trouve chanceuse d'avoir une destination. Je suis les violons jusqu'au-dessus du pont, la rue du, la rivière puissante et forte, le quartier des escaliers où tous les chats sont gris, mon bout de rue préféré avec ses maisons maintenant toutes assorties. Oui.

Je suis de retour dans mon bourg, à la recherche de mes clés. La chatonne, toujours grise elle, monte les marches en courant pour arriver avant moi. Après une collation, on va faire la sieste ensemble dans les couvertes moelleuses. Je l'ai apprivoisée.


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