30 mai 2011

Quand Peach sort de son château pour aller au royaume de Mario

Il faisait doux-doux-doux pis soleil-soleil-soleil, alors en bonne fée-fille que je suis, j'avais enfilé une robe fleurie pis des gougounes, beau kit de plage tsé pour aller faire mes commissions.

Arrêt numéro un : la pharmacie. Tout va bien pour l'instant.

Arrête numéro deux : la quincaillerie.

Je pousse la porte du vide établissement (non mais à 10 heures du matin sur la 3e Avenue un lundi, ça ne se bouscule pas) et là je vois les deux commis (quand même charmants, un grand brun pis un ptit blond) s'échanger un regard qui en dit long sur la pitoune (oui, moi) qui entre.

''Salut! J'ai juste besoin de tape pour faire mes boîtes.''

D'un air entendu, Grand Brun me conduit dans la bonne rangée et me tend un rouleau. Je le prends et trottine (j'exagère à peine) jusqu'à la caisse, où Ptit Blond me fait payer avec l'air d'un gars qui se retient de pouffer de rire. Je lui souris en retour, sans trop comprendre pourquoi c'est si drôle, mais assez amusée moi-même par la situation de toute façon, jusqu'à ce que je sorte du magasin en réalisant que mon portefeuille a l'air de ça :


À ma défense, il s'agit d'un souvenir de voyage.


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28 mai 2011

Saturday Night Fever

Qu'est-ce que t'as fait Val hier soir?

J'ai proposé à mes voisins d'aller bouffer du PFK, y'ont pris deux double down, y'ont eu des meat sweat, Myriame a texté ça :


Pis sont morts.

J'ai pris les petits mots en aimants sur leur frigidaire pis j'ai écrit ''Comme un sourire céleste, tu siestes devant un royaume en minuscules.'' avant de quitter discrètement.


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26 mai 2011

Joindre l'utile à l'agréable

Je voudrais simplement saluer mon amie (dont je tais le nom) qui s'excite le poil des jambes parce qu'elle a passé une grosse heure à flirter ouvertement (bon, ou bin subtilement pis qu'on sait pas trop si lui c'est juste un gars trop à l'aise et friendly tout le temps) avec son conseiller financier de la caisse qui, par hasard, était jeune et cute.

Est-ce qu'elle devrait le contacter pour lui proposer un rendez-vous? Est-ce que ça se fait?


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24 mai 2011

Après Jim, Gilles

Dans des Sherby-temps anciens, j'avais des cours de linguistique et de littérature dans lesquels étaient aussi une étudiante que nous aimions bien appeler Jim Corcoran. Tsé, cheveux longs blonds, trop fins, droits, lunettes défraîchies... Appliquez le tout sur un visage de femme et vous avez notre chère Jim maison.

Jim, une retour-à-l'école au BES en français, essayait vainement de devenir auteure jeunesse, on le sait parce qu'elle harcelait régulièrement nos profs pour leur demander des conseils pour se faire publier, leur apportait des manuscrits et en parlait même avec les conférenciers invités dans nos cours.

J'imagine qu'aujourd'hui, Jim enseigne le français à une gang d'ado (qui se moquent d'elle) en rêvant de recevoir l'appel d'une des nombreuses maisons d'édition où elle a envoyé ses histoires, les yeux dans la graisse de bine en entendant parler de J. K. Rowling ou de Stephenie Meyer.

On la salue, Jim.

De retour dans le Québec-présent, dans l'autobus, je croise régulièrement une femme que j'ai surnommé Gilles Valiquette. Je vous laisse imaginer sa bouille (ok, avec photo du vrai Gilles d'antan pour vous stimuler l'imaginaire).

Je me demande si elle écrit, si elle peint, si elle compose, si elle retourne à l'école, si elle rêve de gloire, si elle a besoin de quelque chose. Faire le tour du monde ou faire comme tout le monde.


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19 mai 2011

Mauvais présage

J'entre avec 15 000 sacs lourds dans les mains, alors je me précipite (vraiment, aidée par la gravité et l'autobus qui démarre un peu trop vite) vers le fond, apercevant du coin de l'oeil Laurent.

Assise, stabilisée, heureuse de ne pas avoir raté l'autobus, je me dis enfin ô combien c'est chouette que les pingouins soient dans l'autobus ce matin-là et me retourne pour les regarder.

Eum, le regarder. Lui. Juste lui?

Tout seul, le teint terne, les barniques plongées dans un roman de scifi, pas de pingouine à ses côtés. Pas de course en sortant de l'autobus et pas de tatas. Tout seul à porter ses cache-oreilles en feutre noir.

En proie à une crise de panique (les gens à la santé mentale fragile n'aiment pas être ébranlés dans leurs habitudes), j'essaie de me calmer un peu, je me dis qu'au fond, elle ne doit pas habiter avec lui et que c'est un hasard que je les aie vus les deux ensemble tout le temps les autres matins. Ou alors, elle a un vilain rhume et va passer la journée au lit à jouer au Nintendo. Ou alors, elle a changé d'emploi et ne prend plus le même autobus que lui.

Mais tout d'un coup qu'ils se sont... séparés?




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17 mai 2011

Siffler en travaillant

Le concierge de l'endroit où je travaille siffle en travaillant. Je l'entendais hier soir, tout heureux de vivre...

J'avais un copain qui sifflait tout le temps. C'était pratiquement un réflexe pour lui : il sifflait en se préparant le matin, sifflait au labo toute la journée, sifflait en marchant dans la rue... Je sais qu'y'en a que ça gossait, mais j'ai toujours aimé le fait qu'il siffle. Ça me faisait sourire. Come on, quelqu'un qui siffle tout le temps ne peut pas être une mauvaise personne! Et là venez pas me parler d'un tueur en série qui sifflote en moppant le sang par terre...

Moi, j'ai le réflexe de marmonner l'air de la chanson qui est dans ma tête (et qui y reste généralement looooooongtemps).

Je me rappelle encore ce matin où je me croyais seule à l'appart et où je chantonnais haut et faux du Karkwa, de ma voix caverneuse et éraillée qui s'essaie sur des notes trop aiguës, et l'air amusé du Français quand il s'est pointé dans la cuisine en me disant ''bon matin...''. Et la honte rouge sur mes joues.

Je me rappelle aussi cette autre fois lointaine où je gueulais du Shania Twain sous la douche, et le douloureux call de mon coloc en congé surprise : ''Ouin, t'aimes ça, du Shania Twain!''

Combien de moments honteux aurais-je pu éviter si je sifflais au lieu de chantonner?


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14 mai 2011

La tour Est

À la fin de l'autoroute Laurentienne, quand ça devient de la Couronne/Dorchester, y'a un pont piétonnier qui enjambe le tout pour que je (bin, pis tout le monde) ne me fasse pas tuer en traversant la rue au sortir de l'autobus.

On y grimpe par deux tours en béton avec des escaliers. Je vais les appeler la tour Ouest et la tour Est.

De retour du Faim Fond, je sors côté tour Ouest et je grimpe. Tout va bien, c'est propre, c'est presque pas épeurant même si il est très tard, je me sens chill. Je traverse le pont. Tout va toujours bien.

Mais là, j'entre dans la tour Est pour redescendre. YEURK.

L'odeur que cette tour-là dégage me lève tellement le coeur que je dois me couvrir le nez avec mon foulard. On dirait que quelqu'un est venu une nuit pour peinturer les murs et les marches avec de la pisse, j'ai l'impression que la puanteur est un peu plus intense chaque semaine qui passe, et je me demande vivement trois choses : 1- Est-ce qu'un cadavre en décomposition peut avoir une forte odeur de pisse? 2- Où c'est que j'peux appeler pour leur dire de venir laver leur foutue tour? 3- Pourquoi l'autre tour sent bon, elle?


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11 mai 2011

Une collation

La porte de la classe se barrait.

Je me suis retrouvée le ventre contre le bureau du prof, les fesses à l'air (et une déchirure sur le côté de mes bas de nylon, too bad) pour quelques secondes, puis prise en sandwich entre le bureau et ton corps tendu, ta barbe qui s'appliquait à me faire des plaques dans le cou et dans le décolleté à propos desquelles on m'achalerait toute la journée (''t'as quoi au cou? des allergies?'').


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10 mai 2011

Qui est-ce? 2e période

Fallait bien que je te revoie avant de terminer mon contrat au ministère, c'est évident.

Cette fois, j'étais moins bouchée alors je t'ai demandé qui tu étais. Tu m'as fait deviner, chose que je déteste vraiment dans la vie (tsé comme quand le téléphone sonne et que la personne ne nomme pas et qu'elle te demande de deviner qui c'est? Pas capable, pas capable!), mais bon, je n'ai pas deviné, j'ai donné ma langue au chat pis tu m'as dit ton pseudo de blogueur.

Je te soupçonne d'être un peu parano sur ta réelle identité, mettons ton prénom. Usss un tit peu.

Alors je sais que tu blogues. Je sais où tu travailles, du moins le bâtiment. Je sais quel autobus tu cours prendre.

On pourrait changer les règles du jeu... Ça me donne envie de jouer à Qui est-ce avec les gens que je connais, suffit de trouver des petites photos et un vieux jeu prêt à se faire massacrer.

- Est-ce qu'il travaille pour le gouvernement?
Oui. Clac clac clac clac clac clac clac.
- Est-ce qu'il a un blog?
Oui. Clac clac clac clac clac clac clac clac clac clac clac.
- Est-ce qu'il prend la 801?
Non. Clac clac clac.
- Est-ce que c'est le Voyou?


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9 mai 2011

Le Amish anachronique

Il se tenait debout dans l'autobus pratiquement vide, une cérémonie un peu inutile qui servait probablement juste à ce qu'on le regarde un peu plus, petit con au centre de l'accordéon avec son chapeau de pâle paille et sa chemise de coton bleu, comme si le printemps le justifiait, la barbichette pas trop certaine de vouloir pousser, des joues de garçonnet avec des yeux de vieillard, pis une bouche qui donne le goût de fesser dessus.

Je suis toujours surprise de voir à quel point certaines personnes, sans rien faire, m'inspirent de la violence gratuite.


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6 mai 2011

Mauvais temps

C'est pas tant une question de marcher sur des œufs, ça serait plutôt sauter d'un nuage à l'autre pour fuir la brumasse qu'on se taperait en descendant sous les nuages, vouloir éviter à tout prix d'avoir les pieds sur terre, parce que c'est trop chiant, flyer en char-nuage comme un Calinours.

Un problème chasse l'autre, tomber amoureuse pour tromper l'ennui, boire pour oublier l'amour, embrasser pour cuver son vin, tomber amoureuse pour oublier qu'on embrasse enivrée, s'ennuyer de celui qu'on aime, boire une traite à ça pour tromper l'ennui. Quand ça ne fonctionne plus, avoir peur à mes cennes pour oublier l'amour, chercher un emploi pour oublier la pauvreté, désespérer sur l'amour pour oublier la job. Ça se fait.

L'autre jour il pleuvait à boire debout et j'ai décidé, en sortant de l'autobus, que j'avais besoin de sentir que j'étais sur terre, la vraie, genre la planète avec la majuscule pis toute, alors j'ai sauté à pieds joints dans une flaque d'eau. Splash. Pis encore, pis encore. Splash splash.

J'ai vraiment soaké mes jeans pis je vais recommencer.


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