9 mars 2011

Ça fait business

En général, Vincent regardait son bureau en se demandant un peu comment il en était arrivé là, une obsession de retracer ce premier geste qui a déclenché le mécanisme de sa vie. Il aimait les chiffres, il avait eu de la facilité à faire ses cours et à passer son CA, rien là, il aimait vraiment ça, sa job, ça lui prenait juste 8 snooze pour se lever et se convaincre d'avaler les 2 anti-dépresseurs du matin, repasser sa chemise, se taper le trafic, il aimait ça.

Son plus jeune cousin a dit l'autre soir qu'il comptait s'inscrire en littérature, théâtre et technologie, et les matantes se demandaient ce qu'il ferait avec ça, et les mononcles faisaient des airs amusés, et Vincent, lui, le jalousait.

Parce que les matins enneigés lui inspiraient des poèmes qui se seraient intitulés Les arbres d'argent et qui auraient commencé par Les arbres d'argent se foutent bien de votre réussite.

C'était pas pour Vincent, Vincent aimait les chiffres, après tout.

Des fois, son boss essayait de placer des expressions anglaises dans ses discours parce que ça fait ''business''. Sauf qu'y venait du Lac, son boss, pis qu'y parlait vraiment pas anglais, alors il inventait des expressions en se foutant complètement d'avoir l'air con.

''Comprends-moi Vincent, faut pas être trop by the line, faut savoir s'adapter.''


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2 commentaires:

  1. etre pris entre ce que la vie nous dicte et ce que notre ame nous reclame...
    :/~
    HUG

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  2. Littérature, théâtre et technologies, moi j'ai fait ça pis j'ai eu le fun de ma vie et je m'en sors pas si mal, ouais!

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