18 février 2011

Pointless

Les pieds mouillés, la bouette jusqu'aux genoux, le cœur plein de gadoue : y'a pas juste la météo qui est laide pis moche.

Marc-Antoine marche plus fort, comme pour défier les flaques, avec les majeurs bien levés en direction des chars qui le tsunamisent sans égards. ''Fuck you, asti! Criss, veux-tu que j'me roule dan' slush tant qu'à faire?'' Son sac vient de tomber dans la marde blanco-brune, c'est dégueux mais y s'en fout un peu parce qu'il est vide anyway, son sac. Pas de devoirs pour lui ce soir : un pied de nez à son père qui est même pas foutu de venir le chercher et qui le laisse marcher dans l'humidité.

Le trottoir est mal fait, tout creux au centre, ça crée des piscines interminables, des rues complètes bordées d'allées aquatiques, deux ou trois cents mètres de découragement liquide. Marcher dans la rue, envoyer chier les automobilistes encore. Y pourrait bin se faire écraser, au fond, sûrement que personne s'en rendrait compte. Son père penserait qu'y'est chez sa mère; ses amis, qu'y'a perdu son cell.

Y pourrait bin se faire écraser, au fond.

La maison est vide, toujours. Marc-Antoine veut nettoyer ses bottes avec une éponge, mais son père l'a laissée traîner dans l'évier plein d'eau souillée, alors même si elle est presque neuve, elle se déchire lâchement au premier frottement.

Pis c'est pas comme si ça changeait quoi que ce soit.


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