20 décembre 2010

Poudrerie

Sur cette rue-là, je traverse vis-à-vis le bloc bleu. J'ai pas tellement de raison, ça n'a rien de plus optimal que de traverser au coin de la rue, ou devant n'importe quelle autre bâtisse, mais c'est là que je traverse. Le banc de neige le sait, il garde ma trace, mon spot de passage juste à moi.

Toi, ça t'énervait que je traverse toujours aux mêmes endroits quand on prenait des marches, tu pognais les nerfs. Tu restais de l'autre côté de la rue pis tu boudais. Asti de con.

La neige jaune sur le côté des trottoirs me détaille les allées et venues des principaux habitants du quartier des chats. On voit les pas, aussi, les traces distinctes : chat, chix, enfant, chat, chat, raton?, chat, homme, chix, chat. Un botch encore fumant. Des fois, y'a comme des mottons rose-beige-orange qui s'imposent sur mon chemin, glacés, pas homogènes, louches, alors je les contourne. Too much information. La neige, c'est trop immaculé, ça trahit tout. Comme si un bar crade et toujours bondé faisait poser de la moquette blanche mur à mur. Juste non. Donnez-nous une chance!

C'est glissant. Les voitures ont de la misère à arrêter aux lumières, alors je ne traverse pas même si j'ai mon bonhomme. J'attends que plus rien ne bouge. J'enlève mes écouteurs, j'écoute le bruit du dérapage. Droite, gauche, droite; je remets mes écouteurs et j'avance de deux pas en reculant de un en sacrant.

Ça fait un an demain que t'es mort pis je suis encore frue. Va chier.


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