6 octobre 2010

Une journée 2

L'autre jour, je lisais un article de l'Actualité dans une salle d'attente de l'hôpital. Ça traitait (traitement : toubidou-tsscchhh!!) de nouveaux médicaments découverts et il y avait une phrase qui ressemblait très exactement à ceci : ''Quand Novartis a annoncé les résultats des essais cliniques lors d'un congrès scientifique, des chercheurs pleuraient tellement c'était incroyable.'' Et plus loin : ''Ces trois scientifiques américains ont été récompensés pour avoir mis au point le premier traitement intelligent du cancer. Rien de moins.''

Bin j'avais la larme à l'œil. Je trouvais ça vraiment beau.

J'ai jamais été une grosse braillarde jusqu'à récemment (j'arrondis mon récemment aux 5 dernières années). On dirait que c'est venu tard, chez moi, cette envie fée-fille de fondre en larmes. J'étais beaucoup trop cool pour ça au secondaire pis au primaire, tsss...

Ce qui m'amène à vous parler de. Oui, de.

Du fait que c'était une bonne chose que j'm'y mette, au braillage, parce que ça passe bien, une fille qui pleure, non?

Avouez.

C'est comme normal, c'est dans la suite logique des choses de la vie. Devant la frustration, la déception, la tristesse, la joie, la honte, le mépris, l'indignation, le découragement, le spm : une fille, bin ça braille. Pis devant les mêmes maudites situations/émotions, un gars, ça crisse un coup de poing sur la table en disant ''câliss''.

Bête de même.

J'alterne donc entre deux états en conflit perpétuel.

D'un côté, j'ai mes journées 1 (la plupart) où je suis toute fière. J'suis fière d'être féminine, d'aimer mon Châtelaine reçu chaque mois dans ma boîte à malle (oui oui, à malle), de magasiner des nouvelles bottes cutes, de ne rien connaître en finances, d'écrire un blog girlie, de regarder la Galère, d'aimer Marie Laberge et les comédies romantiques prévisibles, de chanter du Céline à tue-tête, de vouloir des enfants pis un homme fort à mes côtés pour me soutenir, d'être à fleur de peau. Je suis toute fière.

De l'autre côté, y'a toutes ces journées 2 où je me lève avec la rage au ventre, l'indignation dans le trémolo, la honte. J'ai honte d'avoir le réflexe de demander à un gars pour poser une tablette, de ne pas faire moi-même mes impôts, d'être l'esclave de mon cache-cernes (qui, en fait, cache mon acné, que j'ai honte d'avoir encore à mon âge), de m'arranger les cheveux pendant une demi-heure, de ne pas pouvoir écrire autre chose que mes sentiments ou mes histoirettes cu-cutes qui sentent le parfum Dans un jardin à 10 km à la ronde, d'attendre papa pour réparer la plomberie sous l'évier, de voir que mon programme d'études aux perspectives d'emploi intéressantes mais sous payées est rempli de filles à 90 %, de réaliser que j'me sentirai jamais vraiment accomplie tant que j'aurai pas fait de bébés, d'encourager certains stéréotypes, d'emprunter des chemins plutôt traditionnels dans la vie alors que toutes ces femmes avant moi se sont battues pour que toutes les portes soient ouvertes. J'ai vraiment honte.

Être une fille, c'est pouvoir tout faire, mais choisir encore et toujours de ne rien faire de différent.

Être une fille, c'est ne sortir de cette zone de confort qu'une fois de temps en temps, une journée 2 parmi mille journées 1. Crisser un coup de poing sur la table. Dire ''câliss''.


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1 commentaire:

  1. C'est tellement, mais tellement ça... On est vraiment conne(s) de même...
    - Julie

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