1 novembre 2017

La vache folle

J'écris pu sur mon blogue parce que j'ai l'impression que tout a été dit, que c'est dépassé comme plateforme, que ça ne m'apporte plus rien et que ça n'apporte rien à personne non plus. Tout le monde prend tellement trop la parole tout le temps qu'il me semble que chaque mot perde de sa valeur.

Trop de convictions partout. Tellement d'idées. Pas assez de doute. Pas assez de silence. Pas assez de silence.

Arrêtez de lire, une minute.

Ça se peut que ce billet soit le seul de 2017. Je ne prends plus le temps.

Vous aussi, vous avez une vie, cette espèce de grande roue qui donne le tournis, une suite un peu folle d'obligations et d'activités, le travail et tout, les enfants, peut-être. Le quotidien des gens, en général, ça bouge vite, ça brasse fort. Ça essouffle.

Parfois, pas souvent mais parfois, ça ralentit. Les bruits s'atténuent. Ne résistent que les acouphènes.

Pis quand la machine descend en première, c'est ma tête qui appuie sur l'accélérateur. Il y avait quelque chose de doux à rouler sur le pilote automatique; ça ne laissait pas d'espace pour le doute, ça se rendait à destination, c'était égal tout le long. Avec ma tête au volant, ça marche pu, c'est cahoteux. Un chemin de garnotte au milieu de l'autoroute.

J'peux pas croire que je suis en train de faire des métaphores de char.

Avez-vous peur des fois de devenir fous? Qu'un jour, la part sombre de votre âme s'empare du reste et détruise tout? Quoi, vous avez pas ça, vous, un dark side?

Come on.

L'espace qui m'est soudain offert - j'suis en congé de maternité, pour ceux qui suivaient pas - se pointe avec des questionnements sur ''le reste du temps''. Je m'investis tellement dans mon travail le reste du temps qu'après, il y a la famille, le couple, un peu les amis, puis rien. Rien parce que pu d'énergie, pu de temps. Pis encore, c'est pas pire pantoute si ça se rend à l'étape ''couple''. Mais est-ce que je fais exprès de combler tout ça avec une seule activité? De quoi est-ce que j'ai tant peur pour ne pas tasser mon travail et faire de la place à mes rêves, à d'autres projets, à du ''Valérie''? À du vol libre?

Sois bien dans ta peau, Adèle, essaie toutes sortes de trucs, ma fille, FAIS PAS COMME MAMAN, HEIN, déguédine-toi un peu, échoue, grafigne tes genoux pis tes idées pis ton coeur.

J'ai longtemps pensé, plus jeune, que quand j'aurais un chum, j'irais bien. Que quand j'aurais une job dans mon domaine. Que quand j'aurais des enfants. Que quand j'aurais moins de dettes. Que quand je serais plus mature, moins impulsive, plus mince. Que si j'étais plus grande. Que si j'étais plus confiante. Que si j'étais meilleure en langues, à la guitare, en sports, en bouffe. Que si j'avais foul de totons pis pas de boutons.

J'vais pas pire pantoute là, mais ce mode de pensée là ne me lâche pas et ne m'aide pas. Les que-quands pis les que-sis n'ont aucun rapport et me rendent marabout, marabout, marabout-bout-bout.

Même géographiquement parlant, au-delà de l'attachement, je me sens enchaînée aux lieux. C'est sûr que sortir avec un bébé de trois mois, pour une fille qui n'a pas un talent fou en organisation, c'est pas nécessairement aidant en termes de mobilité, mais je sais bien que j'utilise mon fils comme une excuse. En vrai, j'suis juste fucking moumoune. J'ai peur de l'inconnu, des inconnus. J'suis timide. J'suis maladroite.

Elle a l'air down, se disent les gens en me lisant. Mais les gens interprètent mal.

J'suis pas down. J'écris avec une face neutre et en souriant dans ma tête. Ma vie me plaît, vraiment. C'est simplement qu'il y a tout un univers, un ailleurs, aussi. Je suis juste tannée de vivre en m'inventant mes propres limites. Je suis pleine d'une énergie qui est générée par la frustration de constater que je me construis mon propre enclos.

La vache folle rêve de se laisser pousser des cornes pour tout arracher.

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