3 avril 2011

Cadence picarde

Ça faisait à peine 24 heures qu'elle y était, mais elle avait déjà pris le beat de la ville, l'air bête, la moue baveuse, le pouls nerveux marqué par ses talons dans le long couloir de béton cloc cloc cloc cloc cloc. On lui a accroché la sacoche : oups, pardon, mais elle s'en foutait, continuait avec la marée humaine. Elle est passée devant cet homme qui joue sur son synthétiseur, ne le regardant pas parce que ça la rendait trop mal à l'aise, mais avait quand même reconnu le son cheap, l'air nostalgico-fier-triste.

I did it my way.

Son regard s'est levé, le cloc cloc s'est calmé. Tout était soudainement différent autour d'elle, genre Yoshi qui touche Fuzzy pis qui get dizzy mais dans la vraie vie, les escaliers roulants comme plus lents, les lèvres de cette foule qui se séparent enfin en mille visages et qui murmurent les paroles, des zombis qui cheminent pour sortir sans trop se demander où ils allaient, les accords majeurs, mineurs, majeurs, mineurs, la fausse note qui leur rappelle qu'ils sont dans le métro, les CD faits maison alignés devant l'instrument, le musicien et ses yeux, ses yeux blasés.

Elle est sortie à la mauvaise sortie, s'est assise sur un banc et y est restée pendant au moins dix minutes. À fixer le vide, à remarquer cette coccinelle morte au milieu des roches. À rien sans rien.

À faire ça à sa façon.


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